Les Dépêches de Brazzaville



Révision de la Constitution : le suspense persiste !


Le discours du président de la République, Joseph Kabila, prononcé le 26 septembre à la tribune des Nations unies n’a pas apporté une réponse au débat sur la révision de la Constitution qui divise la classe politique congolaise. Au contraire, il semble apporter de l’eau au moulin de ceux de l’opposition qui ont toujours déploré le mutisme du chef de l’État face à cette question et laisser libre court à la spéculation qui a pris en otage l’ensemble de la population congolaise.

À la veille d’une marche de l’opposition contre la révision de la Constitution, l’adresse du président de la République n’aura pas eu le mérite de calmer les ardeurs. Aux yeux des opposants, il n’a fait que conforter les craintes de tous ceux qui n’ont cessé de dénoncer une tentative de déverrouillage de l’article 220 de la loi fondamentale de la RDC par la majorité présidentielle. Ils  souhaiteraient que le président Joseph Kabila se prononce de manière solennelle devant la communauté internationale sur cette question qui a transcendé la sphère nationale.

Un non-évènement

Pour l’opposition, ce discours a été un non-évènement face aux enjeux politiques de l’heure. On peut ainsi croire que chacun va continuer à camper sur sa position, l’opposition et la majorité affutant leurs stratégies pour l’assaut final prévu sans doute pendant la session budgétaire en cours. Une partie de l’opposition a déjà annoncé ses couleurs en appelant à la suspension de la participation de ses membres à la Commission électorale nationale indépendante(Céni).      

L’allocution du chef de l’État a été orientée sur des problèmes d’ordre international, à savoir le terrorisme, la maladie à virus Ébola et les nombreuses atteintes à la paix, phénomènes qui se manifestent présentement sur le continent africain. Visiblement, la recherche d’une solution à la maladie à virus Ébola a été le point central de ce discours, avec l’annonce de la mise en place, au mois d’octobre, « d’un centre de formation pluridisciplinaire pour former un personnel de santé à même de répondre en qualité et en quantité aux besoins des pays africains qui sont ou seraient à l’avenir touchés par ce type d’épidémie ».       

Élections confirmées

Peut-être faut-il analyser sans passion les mots du président de la République pour connaître sa volonté de respecter la Constitution. En tout cas, pour ce qui concerne les élections, il a rassuré ses paires des Nations unies que « toutes les dispositions sont prises pour que le pays en sorte plus apaisé, plus unis et plus fort ». « Je réaffirme la tenue prochaine des élections, conformément au calendrier arrêté par l’institution nationale compétente, à savoir la Commission électorale nationale indépendante », a-t-il dit.

Pour l’heure, les uns et les autres ne peuvent que se contenter des engagements pris par le président Joseph Kabila pour « la consolidation de la démocratie » à travers notamment la tenue prochaine des élections conformément au calendrier publié par la Céni et « le renforcement de la cohésion nationale » par la mise en place d’un nouveau gouvernement. Désormais, tous les regards sont tournés vers le Parlement où va se jouer l’avenir de la RDC, lors de la session budgétaire en cours. 


Jeannot Kayuba

Légendes et crédits photo : 

Le président Joseph Kabila à la tribune des Nations unies