Les Dépêches de Brazzaville



Route des forestiers : environ 859 km à réaliser


Une délégation interministérielle conduite par le directeur de cabinet du ministre de l’Equipement et de l’entretien routier, Frédéric Manienze, a effectué une mission d’évaluation de la mise en œuvre des protocoles d’accord signés entre le gouvernement et les sociétés forestières de la route dite des forestiers. Celle-ci s'est déroulée du 29 novembre au 3 décembre, dans les départements de la Bouenza, la Lékoumou et le Niari.

En effet, cette délégation a visité les travaux de la route Ibé-Ingoumina-Zanaga (100 km), confiés à la société forestière Sicofor, ainsi que le chantier de la route Ingoumina-Kebara, confié à la société forestière Bois et placages de Lopola, dans la Lékoumou.

La route Mapati-Komono-triple dalots de Malouassi-pont sur la Mpoukou-Yaya-Mossendjo a également fait l’objet d’une visite aux fins d’examiner son état.

Dans le Niari, les chantiers vont bon train, en témoigne l’exécution des travaux de la route Titi-Makabana-Mila Mila au tronçon Titi-Makabana (75km), attribués à la société Foralac.

Les travaux d’ouverture et d’aménagement de la route Makabana-Sathou-Missama (120km), confiés à la société Asia-Congo, s’exécutent normalement. Après la route Titi-Makabana-Mila Mila au tronçon Makabana-Mila Mila, la délégation interministérielle a visité les travaux du tronçon Mila Mila-Mandzi-Malélé exécutés par la société Taman Industries, avant de constater l’état de la route Mila Mila-pont de Louvakou-Dolisie.

Un regard favorable a été porté sur ces chantiers routiers qui, selon le directeur général de l’Entretien routier, Blaise Onanga, se démarquent des autres, notamment ceux de la Lékoumou. Le seul artifice, ces sociétés forestières se sont mises au pas avant le protocole d’accord signé le 7 octobre dernier et notifié le 10 du même mois.

Des résultats « peu satisfaisants » dans la Lékoumou

A contrario, le niveau d’exécution des travaux de la route dite des forestiers, dans la Lékoumou, est peu satisfaisant. Ici, aucune entreprise n’a démarré les travaux au motif qu’elles attendaient le lancement officiel et aussi l’acheminement du matériel adéquat. En cas de non-respect des accords, Frédéric Manienze a relevé : « On résilie le contrat. Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Donc il y a une clause de résolution. On ne va pas d’abord arriver aux extrémités ».

« Ces sociétés ont eu des programmes par coïncidence qui prennent effet à des mêmes dates. Est-ce l’objet d’une concertation ? », s’est interrogé, pour sa part, Blaise Onanga. « Toutes les dispositions financières ont été prises en amont. Il n'y avait aucune raison qu'elles ne se mettent pas au travail, surtout que ces sociétés ont convenu avec le gouvernement de faire ce travail en deux mois. En principe, à compter du 20 décembre, on devra pouvoir rouler partiellement sur cette route, notamment sur les tronçons déjà aménagés. Il suffit juste qu’on améliore leur qualité de service », a-t-il ajouté.

En dehors des bretelles et des sections bitumées, on peut compter environ 859,1 km de routes en terre, sur un total estimé à 1450 km. Ainsi pour contourner la RN1 et la RN2, les grands transporteurs devront, à compter du 20 décembre, emprunter l’itinéraire partant d'Owando-Kenvouomo-Ewo-Onguia-Okali-Lékana-Kébara-Ingoumina (Zanaga)-Mapati-Missama-Makabana-Mila-Mila-Malélé-Koungou-Lemba à Pointe-Noire. Ce nouveau tracé a été réalisé sur décision du gouvernement, dans l’unique but de sauvegarder les actifs routiers du pays.

« Pour interrompre le trafic lourd, il nous fallait trouver une alternative. Nous allons créer une route parallèle à la RN1 et la RN2 pour permettre la circulation aux grands transporteurs. Etant donné que notre point de chute c’est le port autonome de Pointe-Noire, surtout que nous sommes dans ce combat de réhabiliter notre vocation de pays de transit », a fait savoir Blaise Onanga, avant de mentionner l’objectif de « Faire une route, pour ne pas économiquement bloquer le pays », car ces grands transporteurs devront, sous peu, emprunter la route dite des forestiers aux fins d’évacuer leurs produits. « Aujourd’hui, la tendance est de tout faire acheminer au port de Pointe-Noire », a-t-il souligné.

La RN2 en pâtit

Pour une mise à niveau de la RN2, dans son tronçon Owando-Yié, les poids lourds transportant des charges de plus de trente tonnes seront interdits d’accès en vue de réhabiliter les tronçons les plus dégradés, à savoir Brazzaville-Ingah, avec le traitement des points noirs. Autres tronçons plus dégradés, Etsouali-Ngo et Gamboma-Ollombo. Pour la poursuite de certains chantiers routiers, Blaise Onanga met un bémol : « pas tout de suite », en raison, selon lui, du manque de financement.

Avec l’entrée en vigueur du code de la Cémac, les autorités peinent à faire respecter la loi, au même diapason, à cause d’un réseau routier construit à des périodes différentes. Les routes les plus anciennes datent de la législation coloniale (1932) qui a présidé à leur construction jusqu’au plan quinquennal (1982-1986). « Ce code donnait des limites, donc la charge à l’essieu était de dix tonnes, le poids total en charge autorisé était de trente-cinq tonnes », a relaté Blaise Onanga.

A l’exception de la route Pointe-Noire -Yié, Yié-Brazzaville et du tronçon Owando-Makoua-Ouesso, de construction récente, en application du code de la Cémac, le réseau routier congolais se doit d’être réhabilité pour ne pas repartir à la case départ. « Lorsqu’on est arrivé à faire le raccordement de Ouesso au port de Pointe-Noire, il s’est développé un trafic important. Il n' y avait jamais autant de grumiers en 2000 qui faisaient l’axe Brazzaville-Pointe-Noire. Ce trafic est récent. Lorsqu’il passe à des charges qui sont au-delà du dimensionnement des routes, ceci accélère la dégradation de la route », a expliqué le directeur général de l’Entretien routier, avant de rappeler le timing à parcourir pour joindre les villes du nord Congo.

« Comme il n’est jamais trop tard, le gouvernement s’est engagé à réhabiliter entièrement la RN1 pour être en adéquation avec la réglementation communautaire », a-t-il avancé.


Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

1-Un axe de la route des forestiers dans la Lékoumou / Adiac 2- La route Ibé-Ingoumina / Adiac