Les Dépêches de Brazzaville



Santé de la famille : comment réduire de moitié la mortalité maternelle, néonatale et infantile au Congo d’ici à 2015 ?


Selon le ministère de la Santé et de la Population, la situation au Congo est paradoxale. En effet en 2005, la mortalité maternelle était exprimée, selon les enquêtes, à près de 781 décès pour 100.000 naissances vivantes. Après la revue de fin 2011 qui a été publiée en 2012-2013, elle est passée à 426 décès pour 100.000 naissances vivantes. La mortalité néonatale est, quant à elle, passée de 33 pour 1000 naissances vivantes à 22. « On peut se dire que des efforts ont été faits, la revue intermédiaire qui a été faite en 2013 a permis de relever des faiblesses importantes qui portent, tant sur les problèmes de gouvernance, de déficit des ressources humaines, financières et même en termes de ressources matérielles allouées au secteur qui s’occupe de la santé génésique, bref la santé de la mère et de l’enfant. Il apparait également que l’implication de la communauté est très faible », a expliqué le directeur général de la Santé, le Prof Alexis Elira Dokekias à l’ouverture de l’atelier.

Ces constats de la revue 2013 ont pris en compte, a-t-il ajouté, la première année de la mise en exécution de la directive du président de la République sur la gratuité de la césarienne et des interventions obstétricales majeures. « Il est en effet, important de constater que si les efforts étaient déployés en adéquation avec les faiblesses identifiées, il est possible de ne pas atteindre les objectifs mais il est important que nous puissions nous rapprocher des objectifs de réduction de la mortalité maternelle et néonatale qui sont pour la plupart liés», a-t-il expliqué.

À l’issue du diagnostic fait, les participants ont demandé au ministère de la Santé et la Population de doter les structures sanitaires des moyens de transports qui permettront de référence en période d’urgence ; la disponibilité des médicaments pour pouvoir prendre en charge les femmes qui viennent pour accoucher et même pour le suivi de la grossesse. « Il y a certaines urgences parce qu’il y a des maladies au cours de la grossesse qui peuvent tuer la femme enceinte. Aujourd’hui, nous avons des problèmes de réanimation des nouveau-nés dans les hôpitaux. Il faudrait que tous ces hôpitaux soient dotés de tous ces instruments qui pourront permettre de prendre en charge le couple mère-enfant », a souligné un participant.

Améliorer la qualité des prestations sanitaires

L’atelier était organisé en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon la représentante résidente de cette institution onusienne au Congo, Fatoumana Binta Tidiane Diallo, cette feuille de route élaborée par l’OMS afro visait à amorcer un mouvement qui amènera les États, la communauté internationale, la société civile et les particuliers à agir pour garantir la santé et le bien-être des mères et des enfants. Cette grande stratégie de réduction de la mortalité maternelle passe par la participation de la communauté et des prestations de soins, a-t-elle insisté. Il s’agit, entre autres, de créer les conditions minimales d’une assistance par un personnel qualifié pendant la grossesse, l’accouchement et la période post-natale à tous les niveaux des prestations de soins de santé et de créer des partenariats stratégiques pour renforcer les investissements dans ce domaine. « La mise en œuvre de cette feuille de route devrait garantir d’ici à 2015, un renforcement des capacités institutionnelles du ministère de la Santé et de la Population, le renforcement des capacités opérationnelles des différentes structures en charge de la santé de la mère et de l’enfant et l’amélioration de la qualité de l’offre de service en santé de la reproduction », a poursuivi Fatoumana Binta Diallo.

Clôturant les travaux, le directeur général de la Santé a rappelé que le gouvernement s’était déjà engagé dans la modernisation du système sanitaire afin d’améliorer les conditions de travail. « L’Assemblée nationale vient récemment de voter la loi sur la couverture sanitaire universelle. Il s’agit donc d’un coup de fouet essentiel qui va nous amener vers l’équité. Pour cela, il faudrait que nous puissions améliorer la qualité des prestations sanitaires pour que, plus jamais aucune femme ne décède pour donner la vie, et surtout que nous ne banalisions plus les décès des nouveau-nés », a déclaré Alexis Elira Dokekias, se félicitant de l’appui technique que l’OMS, l’Unicef et le Fnuap ne cessent d’apporter au ministère, surtout au niveau de la question de la mortalité maternelle, néonatale et infantile.

 


Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

photo 1 : Alexis Elira Dokekias (au milieu) présidant les travaux. photo 2 : Les participants à l’atelier de validation. crédit photo Adiac