Les Dépêches de Brazzaville



Santé publique : les humanitaires décèlent un environnement et un climat favorables à l’éclosion du choléra


Le Bureau de l’ONU pour la coordination de l’aide humanitaire (Ocha), dans son bulletin mensuel d’octobre dernier, a noté que toutes les zones actuellement affectées par l’épidémie de choléra en RDC abritent également des personnes déplacées et retournées dont la situation sanitaire demeure précaire. L' agence onusienne a, par ailleurs, averti que d’ici mi-novembre, quasiment aucune assistance ne sera disponible pour prévenir des risques de flambée de cette maladie. « Le déficit dans la fourniture de l’énergie électrique et la rupture dans la fourniture de l’eau potable, observés depuis la première semaine d’octobre , font craindre une explosion des cas dans la ville de Kalemie. Dans certains quartiers, les règles d’hygiène et d’assainissement sont très peu respectées. Les fréquentes inondations durant la saison des pluies facilitent le contact entre les eaux de consommation courante et les installations d’assainissement. A ceci s’ajoute la présence des déplacés et retournés, créant une forte promiscuité dans les quartiers périurbains de Kalemie », a souligné Ocha.

Plus de sept cent quatre-vingt-dix-huit décès enregistrés

Les humanitaires signalent que dans l’ensemble, la situation de l’épidémie de choléra en RDC reste très préoccupante. Ils ont également indiqué que de janvier à mi-octobre, plus de vingt-trois mille cas, dont sept cent quatre-vingt-dix-huit décès, ont été enregistrés. « L’ampleur de la situation générale de choléra est liée à l’extension de l’épidémie à la région du Kasaï et la province de la Lomami, au début du mois d’octobre 2017, alors que cette partie du pays n’avait pas connu d’épidémie de choléra depuis plus de quinze ans », ont-ils expliqué.

Face à cette réalité, Ocha a rappelé que le PMSEC 2018 – 2022 du gouvernement congolais prévoyait des activités efficaces et durables tant en période de flambée épidémique qu’en période d’accalmie. Mais, pour ce bureau de l’ONU, la réussite de ce plan serait fortement liée à l’implication effective de l’Etat, notamment par l’allocation des financements suffisants pour lutter contre la maladie. Le PMSEC, a regretté l'agence onusienne, reste faiblement financé sur plusieurs axes à cause du peu de budget octroyé au secteur de la santé pour un Plan de contingence au choléra.

Les acteurs humanitaires du secteur eau, hygiène et assainissement, cités par Ocha, pensent eux que les actions multisectorielles bien ciblées visant l’assainissement du milieu et la fourniture de l’eau potable sont cruciales. Elles permettront, ont-ils soutenu, de consolider les activités de prise en charge des cas et de sensibilisation en vue de rompre durablement la chaîne de transmission de la maladie dans les zones de santé affectées.

Selon Ocha, parmi des activités de résilience communautaire soutenues par les réflexions en cours, il y a notamment la promotion de l’utilisation du chlore liquide produit localement pour autonomiser les ménages dans le traitement de l’eau à domicile.

Une rencontre de haut niveau entre la RDC et l’équipe humanitaire-pays

Il se tient, le 12 novembre, à Kinshasa, la réunion du Cadre national de concertation humanitaire (CNCH), la plus haute instance nationale en la matière. Seront réunis autour d’une table, le gouvernement de la RDC, les agences humanitaires des Nations unies et les organisations non-gouvernementales.

Cette rencontre, dans le cadre d’une action humanitaire efficace et concertée, est la continuité de la réunion des experts des deux parties à travers le Groupe technique de travail, organe technique du CNCH, tenue le 8 novembre à Kinshasa. Ces deux sessions se tiennent pour la première fois après le Forum humanitaire 2018 de la RDC, du 17 au 19 octobre dernier, et en application des résolutions de ce forum visant à dynamiser les cadres de rencontre et d’échanges entre acteurs de haut niveau.

Lors de ces travaux, il va s’agir principalement de la validation des données de projection du Plan de réponse humanitaire revu pour 2019. Ces données ont été collectées sur le terrain conjointement par les parties, avant d’être confirmées par les cadres provinciaux de concertation humanitaire et ensuite validées par les gouverneurs de province. L’endossement de toutes ces informations par le CNCH constitue la dernière étape de ce processus de validation.

Le CNCH, créé en 2013 par décret du Premier ministre, est composé d’une quinzaine de ministres, des représentants des agences humanitaires des Nations unies, de chefs de mission d’ONG nationales et internationales et de bailleurs de fonds.


Lucien Dianzenza