Les Dépêches de Brazzaville



Santé publique : l’OMS met en garde contre la pénurie de personnels


Publié à l’occasion du troisième Forum mondial sur les ressources humaines pour la santé, qui s’est déroulé à Recife, au Brésil, le rapport attribue cette pénurie à une combinaison de facteurs, qui vont des départs à la retraite sans remplacements à la désaffection pour des professions généralement mal rémunérées, en passant par des formations insuffisantes.

L’agence onusienne avance une autre raison pour justifier cette pénurie estimée à 12,9 millions d’ici à 2035, contre 7,2 millions à l’heure actuelle : les attentes de plus en plus considérables vis-à-vis d’un secteur qui peine à répondre aux demandes d’une population mondiale en pleine expansion. Ce qui se solde, selon les auteurs de l’analyse, par la multiplication des risques de maladies non transmissibles comme le cancer ou les accidents cardiovasculaires. Les migrations internes et internationales de personnels de santé exacerbent également les déséquilibres régionaux, précisent-ils.

Aussi l’étude recommande-t-elle de prendre un certain nombre de mesures pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre. Elle évoque notamment le renforcement du leadership politique et technique à l’appui des efforts nationaux de développement de long terme ainsi que le rôle des agents de santé de niveau intermédiaire, qui doivent pouvoir dispenser les premiers soins plus facilement.

Pour la sous-directrice générale de l’OMS chargée des systèmes de santé et de l’innovation, Marie-Paule Kieny, la prise en main de cette situation s’avère urgente. « Les fondements d’une main-d’œuvre solide et efficace sont en train de s’éroder sous nos yeux en raison de l’incapacité à faire correspondre l’offre actuelle avec les exigences démographiques de demain […]. Nous devons donc repenser et améliorer la façon dont nous enseignons, formons, déployons et payons les personnels de santé », a-t-elle expliqué.

Si la pénurie des personnels de santé est signalée au plan mondial, le rapport note néanmoins que davantage de pays ont renforcé leurs personnels de santé mais déplore le déclin du taux de formation des nouveaux professionnels. « La conséquence, c’est qu’à l’avenir, les malades auront encore plus de mal à recevoir les soins de santé primaires et préventifs indispensables », souligne l’étude.

L’OMS indique que le manque de personnels est plus marqué en Afrique qu’ailleurs. Il n’y a par exemple que 168 écoles de médecine dans les 47 pays d’Afrique subsaharienne, et parmi ces pays, 11 ne possèdent pas de facultés de médecine et 24 n’en ont qu’une seul, constate l’analyse.


Hormis le continent africain, dans certaines parties de l’Asie, le manque de personnels se fait douloureusement ressentir. « Un des défis pour réaliser la couverture de santé universelle est de s’assurer que tout le monde – en particulier les communautés vulnérables et les régions éloignées – ont accès à des personnels de santé professionnalisés, compétents et au fait des sensibilités culturelles. La meilleure stratégie pour y parvenir est de renforcer les équipes multidisciplinaires au niveau des soins de santé primaires », a souligné la directrice régionale de l’OMS pour les Amériques, Carissa Etienne. « La formation des professionnels de santé doit s’aligner sur les besoins nationaux », a-t-elle conclu.


Nestor N'Gampoula