Les Dépêches de Brazzaville



Scarification: une mode traditionnelle revisitée


Depuis des siècles, les scarifications ethniques sur le corps et sur le visage dans des tribus africaines faisaient partie de leur culture. Elles seraient apparues au nord de l’actuel Ghana, selon la tradition Moose.

Au Bénin, au XVIIe siècle, les scarifications sur les visages permettaient d’identifier les membres de son clan, au cours des guerres et des conflits tribaux. Au XVIIIe siècle, elles furent une manière de contourner l’esclavage; les colons ne s'intéressant pas aux Noirs qui avaient les marques sur le corps ou sur le visage de peur qu’ils se reconnaissent une fois dans leur pays de déportation.

Pour certaines traditions, les balafres étaient faites sur les enfants dès l’âge de 10 ans. Pour les garçons, celles-ci intervenaient lors de la circoncision et pour les filles avant le mariage. Réalisée souvent à l’aide des pierres, des ciseaux ou des verres, cette pratique était généralement accompagnée d’une cérémonie, de la même manière que l’excision pratiquée dans vingt-neuf pays d’Afrique. Considérées comme un rite de passage, ces balafres étaient souvent faites  sur les tempes, les joux, le front,  le corps et même sur l’abdomen et le dos.

Les significations étaient multiples : appartenance à un clan, une croyance, une tribu, une divinité, une classe sociale mais parfois aussi un symbole de franchissement d’une étape dans la vie. Soulignons également que ces entailles pouvaient avoir une vocation thérapeutique.

Aujourd’hui, la tradition se perd, laissant place à la modernité. Les scarifications sont devenues un effet de mode, notamment le tatouage, signe dans certains milieux du beau et de l’art.

Mais il faut relever que la pratique de la scarification est décriée dans certaines sociétés à cause des outils utilisés, le plus souvent non stérilisés dans les milieux ruraux. Les risques d’infections, de contamination au VIH, de tétanos, etc., sont des raisons qui font que de nos jours, la scarification soit de plus en plus abandonnée dans certaines régions du continent.

Il existe certes, chez certains, la volonté de perpetuer cette tradition qu'ils considèrent comme un élément d'identification des peuples, au même titre que les langues, mais les risques encourus par ceux qui se livrent à cette pratique sont tels que nombreux militent pour sa disparition, surtout lorsqu'elle n'est pas faite selon les règles de l'art.

 

 


Karim Yunduka

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