Les Dépêches de Brazzaville



Vatican : le pape appelle les chrétiens à s’opposer à la torture


Devant des milliers de fidèles venus réciter avec lui la prière mariale du milieu du jour, l’angelus, le pape François a rappelé dimanche que la communauté internationale célèbre le 26 juin prochain la Journée mondiale de lutte contre la torture. Il a réaffirmé le rôle des chrétiens à s’opposer à ce genre de pratiques, car elles constituent des contre-témoignages, des violations flagrantes de la dignité de tout être humain. Les chrétiens sont invités à faire évoluer les mentalités. « Chers frères et sœurs, a déclaré le pape, le 26 juin prochain sera commémorée la Journée des Nations unies pour les victimes de la torture. En cette circonstance, je réaffirme la ferme condamnation de toute forme de torture et j’invite les chrétiens à s’engager pour collaborer à son abolition et à soutenir les victimes et leurs proches. » Le pape a profité de l’affluence des dimanches pour sensibiliser à cette question, alors que son prochain angelus aura lieu dimanche 29 juin, donc après la journée mondiale.

Si l'on peut dire que la prise de position du chef de l’Église catholique suit une ligne de cohérence ancienne, on peut aussi noter que ce thème parle plus particulièrement au pape argentin. En tant qu’archevêque de Buenos Aires durant les années de la féroce dictature que son pays a connue, le pape – cardinal Jorge Bergoglio alors – fut accusé notamment par les milieux de gauche de son pays d’avoir fermé les yeux devant les milliers de cas de tortures pratiquées par la junte militaire (1976-1983) du général Jorge Rafael Videla, mort en prison l’an dernier à l’âge de 88 ans (le pape, lui, en a 77).

Le journaliste de gauche Horacio Verbitsky publia un livre-enquête qui se passe de traduction, au moins pour le titre – El silencio – dans lequel il affirme que l’actuel pape ne fit pas grand-chose pour sauver de la torture et de la mort des prêtres ouvriers ou proches des milieux humbles. Parmi eux figuraient deux jésuites comme lui, les pères Orlando Yorio et Francisco Jalics, qui travaillaient sous son autorité. Ils furent torturés pendant de longs mois avant d’être relâchés, créditant l’hypothèse d’un Bergoglio passif.

Aujourd’hui, au moins l'un de ces prêtres survivants a fait une déclaration publique lavant le pape de toute implication et même de tout soupçon de complaisante indifférence. Beaucoup de militants communistes témoignent aujourd’hui ouvertement de l’aide secrète reçue pour qu’ils fuient le pays ou se cachent dans des structures discrètes. Mais il est un fait que le thème de la torture a longtemps été associé aux dictatures d’Amérique latine des années 1980. Le pape y est donc d’autant plus sensible. Dimanche, sortant du texte officiel qui avait été remis aux journalistes, le pape François a martelé : « Torturer les personnes est un péché mortel ; c’est un péché très grave. »

 


Lucien Mpama