Les Dépêches de Brazzaville



Villa Matata : le premier long métrage comique congolais accroche


Arsène Kamango (Mohamed) et Fabrice Kalonji (Ali) dans Villa MatataDans le genre petit plaisantin au naturel déjà, Arsène Kamango n’a apparemment eu aucun mal à se mettre dans la peau de Mohammed, le plus coquin des trois cousins. Il part d’un grand rire lorsque Les Dépêches de Brazzaville lui demandent s’il a aimé le rôle. « Ouais, disons que c’est une nature. Dans la vie, il n'y a pas mieux qu’être soi-même quoi ! C’est tout. Voilà, je suis comme ça, je ne fais pas semblant. Et, bien voilà quoi, vous avez eu le résultat sur grand écran, ça donne Villa Matata », répond-il joyeusement. Et quant à savoir si c’était facile de jouer ensemble, mettre en place le trio de parfaits roublards. « Oui. D’abord parce que nous sommes des professionnels. Chacun dans son petit coin a déjà joué des rôles dans d’autres films. Nous nous connaissons et donc pour nous aiguiller ensemble, ça n’a pas été compliqué. Non, pas du tout », affirme-t-il.  

Co-auteur de l’un des premiers longs métrages 100% congolais, ce n’est assurément pas peu de chose dans l’histoire du cinéma congolais renaissant. Mais pour Arsène Kamango, il y a plus important à considérer, c’est de travailler convenablement, y mettre du cœur et de l’énergie. « Je suis très heureux que ce soit le cas, mais je tiens à souligner qu’il y a beaucoup de passion derrière tout cela. Étre premier, deuxième ou troisième, ce n’est pas vraiment cela ma préoccupation. Mon souci est de le faire et bien le faire. Vous savez, quand vous écrivez un film, vous avez un bout de papier et un stylo ou alors un ordinateur. Vous ne cessez d’écrire, vous créez des personnages, fabriquez des histoires sans jamais savoir comment le public va recevoir votre travail. Mais ce soir, quand j’ai vu les gens rire, applaudir, c’était mon plus grand bonheur. Je me dis quelque part, OK, ça va on peut y croire. Il y a quelque chose que l’on sait faire », soutient l’acteur non sans fierté.

Entre l’engagé et le comique

Dans les dialogues, les trois cousins en sont assez bien des fois venus à évoquer la situation socio-économique  voire politique qui prévaut en RDC. Il a été question du coltan du sang, du silence de la communauté internationale face aux exactions commis par les FDLR et les violences subies par les femmes des contrées de l’Est. Finalement, l’on aurait pensé qu’un brin de discours engagé passait au travers des mailles de la comédie. Arsène Kamango s’en est défendu affirmant haut et fort : «  Ce film n’est pas engagé, c’est un film comique. Des choses ont été dites, c’était voulu comme cela. Mais l’idée première était de faire un film comique qui amuse, fasse marrer. Faire en sorte que les gens soient heureux en voyant ce film-là. Mais bon, comme l’on dit que les arts c’est un médium. L’on peut passer des messages, bien voilà on les passe. Ils sont sympathiques pour certains, méchants pour d’autres…Mais bref, le message est là dans un film comique. Voilà, c’est tout car ce n’est pas cela l’objectif mais plutôt celui de faire un bon film comique qui parle de certains faits de société du Congo. Notre pays vit certaines réalités économiques et sociales, et tout y est passé. D’une façon ou d’une autre, nous y avons mis ce que nous voulions y mettre, voilà  », a-t-il argué.

Pour ce qui est de l’écriture, Arsène Kamango fait savoir qu’il n’en est pas à son premier script. « Pour écrire, alors là, j’écris beaucoup. Villa Matata, je ne sais pas dire c’est le quantième… ça fait plus de vingt ans que j’écris dans mes archives, j’en pas mal d’écrits. À l’époque, l’on n’utilisait pas des laptop, l’on se servait des stylos et des papiers… J’en ai plein, des longs métrages, courts métrages, mini-séries. Mais je dois préciser quand même que j’ai une particularité, c’est le comique. Avant et après Villa Matata, il y a plein de textes », explique-t-il.

Passé Villa Matata, Arsène Kamango a des projets. Mais il souligne : « Ceci a été fait avec la bonne foi des tous ces professionnels du métier qui ont accepté de tourner dans ce film mais si nous avons beaucoup plus de soutien, nous irons beaucoup plus loin ». Et, sa petite anecdote de l’acteur autour du long métrage, il l’a racontée de la sorte : « Moi, je venais de Lubumbashi, j’ai parlé avec Ronnie au téléphone et nous nous sommes dit que dix ans sont passés depuis que nous avons ce film et nous n’avons pas tourné une seule image. Cette fois, en 2013, il paraît que le chiffre 13 porte bonheur, sans superstition. Ou on le fait ou on ne le fait pas et alors là, on arrête. Mais comme on l’a fait, on va continuer ».

 


Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Arsène Kamango (Mohamed) et Fabrice Kalonji (Ali) dans Villa Matata