Les Dépêches de Brazzaville



« Visiter le Congo », le premier portail numérique depuis la France


Visuel campagne de lever de Fonds "Visiter le Congo"Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Vous avez lancé un financement participatif pour lever 10 000 euros afin de créer votre plate-forme numérique de promotion de sites touristiques au Congo. Où en êtes-vous?

Arnaud Guillaume Kouka (AGK) : Nous sommes très en retard : à 18 jours de la fin de la campagne, nous n’avons pas encore atteint les 10% du financement, soit la somme de 900 euros sur les 10 000 euros escomptés ! C’est pour moi l’occasion de lancer un appel aux donateurs. Certes, c’est la première campagne de financement participatif lancée par des Congolais ; nous ne sommes pas habitués à ce genre d’exercice, mais il n’y a pas de raison pour que les Congolais échouent là où d’autres communautés ont réussi.

LDB : Comment votre plate-forme "Visiter le Congo" peut aider au développement du tourisme, à l'heure où la diversification de l'économie est au centre des débats ?

AGK : En Afrique, on parle trop souvent de ce qui ne va pas : le manque d’équipements et d’infrastructures d’accueil; le manque de promotion ou la situation politique ou sécuritaire. Nous, nous avons choisi de parler des incroyables atouts touristiques que possède notre pays : la chance de se trouver dans le massif forestier du bassin du Congo doté d’une incroyable biodiversité, d’être l’un des pays les plus arrosés d’Afrique, de disposer d’une culture et d’une histoire très riches, etc. Notre plate-forme a donc pour principal objectif de montrer que le Congo a tous les atouts pour devenir une destination touristique de premier plan en Afrique centrale.

LDB : Avec seulement 1% de touristes internationaux, selon l'OMT, l'Afrique centrale est à la traîne. Comment inverser la tendance pour le Congo et la sous-région?

AGK : Il faut une prise de conscience collective. C’est pour cette raison que nous définissons notre action comme une initiative citoyenne. Il faut que les Congolais prennent conscience qu’ils ont là un trésor à faire découvrir et à valoriser. Nous pouvons créer de la valeur et des emplois grâce au tourisme dans notre pays et dans la sous-région. Dans un pays comme le Rwanda, le tourisme rapporte plus de 250 milliards FCFA, soit l’équivalent de la moitié du déficit budgétaire du Congo en 2017. Notre pays ne doit plus être à la traine. Le Rwanda, avec de la volonté politique et des réformes, a réussi à faire passer le nombre de touristes internationaux de 20 000 en 2004 à plus d’un million en 2014. Ce qu’un pays comme le Rwanda a pu faire, pourquoi le Congo ne pourrait-il pas le réaliser à son tour ?

LDB : A propos du Congo, quel pourrait être le « Top 10 » des endroits à visiter dans ce pays ?
AGK :
Sans procéder par ordre de préférence, commençons par le fleuve Congo avec tous les paysages qu'il offre : les cataractes, les différentes îles aux alentours de Brazzaville ou le pool Stanley. Au Nord, nous avons la réserve de la Léfini et le Plateau batéké qui se trouve à moins de 200 km du centre de Brazzaville. Une vraie carte postale avec des paysages magnifiques comme: le Lac bleu; les rivières(Léfini, Louna ou Lésio);  les montagnes, dont les plus célèbres sont: « Ekoti ya Monseigneur » et le Mont N'gaka. On peut aussi profiter du site d'observation de gorilles, des hippopotames ou des éléphants. Autres attractions: le patrimoine architectural de la ville de Brazzaville constitué de la Basilique Sainte-Anne; la Case de Gaulle; l'Eglise notre Dame- du- Rosaire ou l'Institut pasteur. Ce sont toutes de véritables références en matière d'architecture tropicale. La liste est encore longue mais ajoutons à celle-ci juste les différentes chutes d'eau du Pool : de la Loufoulakari, de Béla ou de Tomba-Manianga.

LDB : Vous bénéficiez du soutien de plusieurs personnalités de la diaspora dans cette aventure, comme Jocelyn Armel le Bachelor ou Ange Amourelle. Votre projet envisage donc aussi de valoriser l'aspect culturel ?

AGK : La culture est un atout touristique. Pourquoi le Bénin demande-t-il à la France de restituer les biens culturels volés pendant les conquêtes coloniales ?  Les gens viennent du monde entier voir ses richesses et des musées comme le Quai Branly gagnent, grâce à eux, des millions d’euros ; les pays d’Afrique devraient, eux-aussi, pouvoir en profiter. La Sape, nos chants et danses traditionnels, nos langues, nos forêts, nos cours d’eau, notre littoral, sont des atouts incontestables. Notre histoire, ne l’oublions, nous ramène près de la diaspora congolaise à travers le monde. Du côté des Antilles, nous avons des noms congolais tels que Mavoungou ou Samba. En Colombie  on joue du Roga Roga et que dire de la rumba de Cuba ! Toutes ces personnes seront, sans nul doute, intéressées de venir découvrir la terre de leurs ancêtres. La destination Congo a juste besoin d’avoir des infrastructures d’accueil et une promotion dans les différents pays émetteurs de touristes internationaux que sont les pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie pour qu’elle décolle.


Propos recueillis par Camille Delourme et Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Visuel campagne de lever de Fonds "Visiter le Congo"