Les Dépêches de Brazzaville



Womex, le marché des musiques du monde


Sept ans plus tard,  en 1994 à Bérlin les jeunes promoteurs culturels créent  WOMEX - WORLD MUSIC EXPO comme un show case et une plate-forme de rencontres des professionnels des Musiques du Monde. WOMEX devient un incontournable lieu d’échange de l'industrie musicale.

La 21ème  édition organisée à Budapest en Hongrie a réuni plus de 2500 participants de 90 pays venus participer à diverses tables rondes et exposer sur des centaines de stands dans un immeuble métallique futuriste BALNA – « la Balène »,  une géante baleine échouée sur le bord du fleuve Danube qui partage la ville en deux parties Buda et Pest.

Durant trois jours de 21h à  3 h de matin, environ 60 groupes musicaux se sont produits dans des shows cases,  sur cinq plateaux dans le palais de la Culture MÜKA. Un bateau sur le fleuve Danube était réservé au DJ's à partir de 1h du matin jusqu'à l'aube.

Le WOMEX c'est surtout le business. Le lieu où se signent les contrats avec des tourneurs, agents, festivaliers et représentants de labels de disques. Une centaine de panels ont eu lieu sur tous les aspects de chaine du disque, de la production, diffusion et découverte des nouveaux artistes. Parmi eux, le panel « une conte de 2 nations » consacré à la jeune génération des musiciens  Afro- politains ou Afro-Européns a permis de cerner le dynamisme des clubs de quartiers des métropoles africaines et des capitales européens. Rab Bakari, un agent et booker qui partage ses activités entre Accra et New York a parlé de Nneka grandie en Allemagne, Sena Dagadu mi ghannéene mi hongroise, Seinabo Sey mi suédoise mi gambienne ou Adé Bantu le mi nigerian mi allemand de Berlin.

Le jury de WOMEX reçoit autour de 800 propositions pour des showcases pendant une année. Une première sélection de soixante artistes est retenue. Par ailleurs, les artistes choisis sont entièrement responsables de leur arrivée ainsi que leur production devant les professionnels. En effet, WOMEX ne prend en charge aucun frais (transport, hébergement, cachet) sauf une lettre pour faciliter l'obtention du visa.

Ben Mandelson, directeur et fondateur de WOMEX explique leur vision : « On ne veut pas produire des rêves. Les conditions de l'industrie sont très dures et un artiste qui veut tourner avec succès doit avoir une structure et des financements pour arriver ici. WOMEX leur fourni le plateau et 45 min pour enflammer l’audience » Et d’ajouter : « Ceux qui ne sont pas capables de s’organiser pour arriver jusqu'ici ne seront pas capables d'assurer une tournée. Je suis moi-même un musicien qui n'as pas eu du succès et pour cette raison je ne joue plus la musique - j'organise Womex !  Pour les plus talentueux ».

Sept artistes africains ou afropolitains ont été invités cette année au WOMEX 2015. Pierre Kwenders faisait partie d’eux.  Installé au Canada depuis 2001, ce jeune kinois a ouvert le cycle des showcases. Arborant un chapeau rappelant le style Mobutu, il définit sa musique comme un mélange d’Afrobeat et de Rumba Congolaise. Celui qui rêve de se produire à Kinshasa et qui pense qu'une partie du public jeune sera ouvert à son style, n’hésite pas à citer dans ses chansons des artistes comme ZAO, KONONO Nr 1 ou encore des discours de Mobutu.

VOUDOU GAME est un autre exemple des artistes Afro-Europeens. Peter Solo est venu du Togo en 2003. A Paris où il est installé, il fonde son groupe en 2009  avec des musiciens français qui ont appris sa langue maternelle le Mina et aussi les bases du Vodou, religion pratiquée dans le village natale de Peter. Son combat politique dit- il consiste à dé-diaboliser l'image du Vodou en occident et porter son message philosophique avec ses complices français.

Venu du Nigér, Mamar Kassey y a présenté son dernier album Taboussizé. Dans son titre « Karma » il s'essaye dans le slam pour raconter  l'histoire d'un combattant contre la colonisation du Niger en 1906. Celui-ci aurait abattu à trois reprises des français en usant  d’une tactique très maline qui lui portera préjudice. Mamar a le mérite d’avoir rassemblé dans son groupe aussi bien  tous les ethnies du Niger  que des sénégalais et maliens.

Le Jeune guitariste guinéén Moh Kouyaté descendant de la grande famille des griots et maîtres de Djeli – Kora Kouyaté a présenté son premier album sorti en France LOUNDO. Tout comme Pat Thomas rénommé « The Golden Voice of Africa », la voix d'or de l' Afrique dans les années 70 revenu pour ses admirateurs avec un nouveau album.

Autre temps fort, durant la cérémonie de clôture, le grand musicien Sénégalais Check Lô a reçu le WOMEX Award pour l’ensemble de son œuvre artistique.


Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

Scène du Womex 2015