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Le temps de l'Union africaine

Lundi 10 Juin 2019 - 18:21

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L'évolution présente  des rapports de force sur la scène mondiale est telle que l'on en vient à se dire, non sans raison,  que le temps est venu pour l'Afrique d'imposer sa marque dans la gouvernance mondiale. Et, par conséquent, de réformer la communauté qui rassemble ses peuples, à savoir l'Union africaine, de telle façon que le continent acquière enfin sa juste place dans la gestion de la planète.

Les "Grands" de ce temps, dira-t-on, ne sont certainement pas prêts à admettre un tel changement. Dominant depuis des siècles le monde en raison de leur puissance économique, financière et surtout militaire, la Chine, les Etats-Unis, l'Europe, l'Inde, la Russie croient toujours que leur pouvoir ne saurait être mis en question par l'émergence des peuples du Tiers-Monde. Ils commettent, ce faisant, une lourde erreur qui leur coûtera d’autant plus cher dans les décennies à venir qu’ils ont choisi de se défier, voire même de se battre, comme le montrent les tensions croissantes qui les opposent en différentes parties du monde.

Ce diagnostic est fondé sur les deux raisons que voici, tirées elles-mêmes de l’observation des événements auxquels nous assistons depuis le début de ce nouveau millénaire :

° D'abord parce que, comme nous l'avons écrit ici même à maintes reprises, le poids humain du Sud croît à un rythme tel que le déséquilibre démographique génèrera tôt ou tard un déséquilibre planétaire contre lequel les "Grands" du Nord seront incapables de lutter. Vrai pour les grandes nations occidentales, dont le vieillissement de la population s'accélère à un rythme de plus en plus rapide, ce phénomène l'est aussi, ou plus exactement le sera également demain pour la Chine comme pour l'Inde en raison de leur richesse croissante qui elle-même dissuadera les hommes et les femmes de procréer plus d’un ou deux enfants. Avant la fin du premier siècle de ce nouveau millénaire, l'Afrique, l'Amérique latine, l'Asie du sud feront vivre plus de la moitié de l'espèce humaine et ce bond en avant, jamais observé dans l’Histoire, aura inévitablement des effets stratégiques majeurs contre lesquels aucun "Grand " ne pourra lutter quelle que soit sa volonté de continuer à diriger la planète pour son seul profit.

° La seconde raison, plus importante encore, tient au fait que les peuples du Sud détiennent les plus grandes richesses naturelles du globe et que ces richesses ne sont encore que très faiblement mises en valeur. Exploitées jusqu’à présent par des groupes industriels dont le siège se trouve situé pour la plupart au cœur des grandes cités de l’hémisphère nord, les ressources minérales, mais aussi et surtout agricoles, piscicoles, forestières, animales dont regorge le continent africain deviendront très vite le véritable moteur du bond en avant qui se dessine. Il suffit pour s’en convaincre d’observer ce qui se passe au Congo où se met en place une économie fondée sur la production et le commerce des produits tirés du sol, des rivières, des étangs, des prairies, des bois, bref de tout ce que la terre offre aux humains pour se nourrir. Avec cet atout supplémentaire que les nouvelles générations vont dans le très proche avenir comprendre qu’il leur faut  jouer cette carte à fond si elles veulent vivre mieux.

Si l’on ajoute à ce qui précède que la bataille contre le dérèglement climatique provoqué par la surindustrialisation des grandes nations du Nord ne pourra être gagnée que grâce à l’engagement des nations du Sud dans la protection de la nature, il est évident que l’Afrique se trouvera demain – si ce n’est déjà fait en réalité – au cœur du développement à venir de la Terre. Toute la question, dans un semblable contexte, est de savoir comment les dirigeants africains, présents et futurs s’y prendront pour faire entendre leur voix de façon audible dans les institutions internationales. Autrement dit comment ils s’organiseront pour imposer aux « Grands » leur vision du futur.

Vaste sujet sur lequel nous nous ferons un devoir et un plaisir de revenir rapidement !

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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