Lycée commercial du 5-Février : le taux d’actes inciviques a baissé à près de 98%, selon Antoine Luther Kossaleba Nzebé

Mercredi 2 Avril 2014 - 16:24

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Situé dans le 5e arrondissement de Brazzaville, Ouenzé, cet établissement d’enseignement technique, qui partage la cour du lycée industriel du même nom, a été, la semaine dernière, le théâtre d’une agitation causée par la présence de policiers. Dans cette interview exclusive, le proviseur de l’école, Antoine Luther Kossaleba Nzebé, revient sur cet incident et fait le point des transformations qu’il a imprimées dès son arrivée à la tête de cette structure, en début d’année

Réputé depuis quelques années pour des cas d’indiscipline, le lycée commercial du 5-Février 1979 de Mpila est peut-être en train de tourner la page, même si les incidents subsistent encore, comme en témoigne l’agitation du 26 mars dernier. « Il y a maintenant de l’ordre et de la discipline : là où il y avait 100% d’élèves indisciplinés, il n’en reste peut-être aujourd’hui que 2% à regarder de près. La panique de la semaine dernière a fait suite à une intervention de la police que, d’ailleurs, nous n’avions pas fait venir. Il s’agissait d’un cas d’indiscipline avérée causé par deux élèves qui ont agressé un enseignant en pleine évaluation départementale du deuxième trimestre », a indiqué le proviseur.

La scène s’est passée dans la salle où, l’année dernière, un élève de classe de terminale avait gravement blessé au cou un enseignant à l’aide d’une lame de rasoir. « Lorsque j’ai été informé de la situation, j’ai fait venir les élèves dans mon bureau, mais ils se montrés toujours aussi menaçants. Depuis mon arrivée, j’appelle la police en civil — les renseignements généraux — pour les enfants qui se comportent comme des voyous. À la place des renseignements généraux, j’ai été surpris de voir arriver la police en tenue. Au moment où je suis entré avec leur chef pour les intimider, des enfants sont entrés dans la cour de l’établissement, armés jusqu’aux dents. Lorsque les élèves les ont vus, ils ont crié sur eux : un policier s’est permis de tirer des bombes lacrymogènes et les autres l’ont suivi », a regretté Antoine Luther Kossaleba Nzebé.

Deux objectifs principaux

Dès sa prise de fonctions, le proviseur du lycée technique commercial 5-Février s’était fixé deux objectifs : en premier lieu, mettre de l’ordre dans l’établissement et s’intéresser ensuite aux aspects pédagogiques pour relever le niveau des élèves. D’après lui, le premier objectif semble être atteint au regard de la paix et du calme qui règnent actuellement au sein de l’établissement. Concernant le relèvement du niveau des élèves, la direction organise depuis le premier trimestre des travaux dirigés et des devoirs départementaux pour les candidats aux examens d’État.

Interrogé sur les mauvais résultats enregistrés l’année dernière au bac technique, Antoine Luther Kossaleba Nzebé, qui a exercé les fonctions de directeur des études aux lycées commerciaux du 1er-Mai et du 5-Février, a déclaré que l’arrivée du ministre Serge Blaise Zoniaba à la tête du ministère de l’Enseignement technique, professionnel, de la Formation qualifiante et de l’Emploi a permis de démanteler les réseaux mafieux existants. Pour lui, les enfants étaient habitués à passer en classe supérieure et à obtenir les examens d’État sans l’avoir mérité.

« Nous avons vu des élèves qui n’avaient absolument pas le niveau pour obtenir le bac. Du coup, des réseaux ont effectivement existé. Mais depuis l’arrivée de l’actuel ministre, ces réseaux ont été démantelés, ce qui fait que les résultats au bac, d’une manière générale, n’ont pas été bons, surtout au niveau de notre lycée où la plupart de ces enfants comptaient sur cela », a-t-il expliqué.

C’est ainsi que le proviseur a demandé aux élèves de se mettre au travail. À ceux des classes intermédiaires, il a précisé que la moyenne d’admission était fixée à 10/20 : seuls les élèves ayant obtenu 9/20 peuvent éventuellement être rattrapés ; ceux ayant obtenu une moyenne inférieure à 5/20 sont exclus. Cela est non négociable, insiste Antoine Luther Kossaleba Nzebé. Si certains enfants pensent encore que, moyennant de l’argent, ils vont passer en classe supérieure, « ils n’auront pas cette possibilité, explique-t-il encore. Nous n’allons pas nous amuser à faire passer un enfant qui a 6 de moyenne. Je pense que c’est de cette façon que va régner l’ordre dans cet établissement parce que nous avons remarqué que les élèves indisciplinés, récalcitrants, qui ont l’audace de menacer les enseignants, ce sont ceux qui ont des moyennes inférieures à 5/20. Je pense que l’un des meilleurs moyens de ramener l’ordre et la discipline, c’est de respecter ces mesures scolaires : si l’on garde que des bons élèves, il n’y aura plus d’indiscipline. »

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Antoine Luther Kossaleba Nzebé (© Adiac). Photo 2 : Un bâtiment du lycée commercial du 5-Février (© Adiac).