Couleurs de chez nous. La Congolaise (3)

Jeudi 11 Juillet 2019 - 22:56

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Parlant des femmes nées à partir des années 1980, l’artiste Madilu avait sorti le concept de « série 8 ». Contrairement à leurs aînées dont les prénoms se terminent essentiellement par un « e », celles de la série 8 sont aussi remarquables par l’usage des prénoms en « a » comme Larissa, Pamela, Paola, Prisca, etc.

À bien d’égards, la Congolaise des années 1980 affiche un comportement qui tranche déjà avec celui des premières. Scolarisées, elles le sont toutes ou presque même si certaines ont trouvé le parcours fastidieux en renonçant à un certain niveau d’études. En termes de maternité, cette Congolaise s’y engage généralement au-delà de 20 ans d’âge avec une moyenne de couches de deux.

Sur le plan conjugal, on peut diviser la poire en deux : une moitié d’entre elles avec le statut de femmes au foyer et une autre ayant épousé le célibat. C’est ici que l’on retrouve des « commerçantes de luxe » qui s’approvisionnent aux Emirats ou en Chine alors que leurs mères avaient Lomé, Paris et Bruxelles comme destinations.

Génération de femmes épanouies, rares sont celles qui, parmi elles, parlent les langues maternelles telles que le vili, gangoulou, bomitaba ou tsangui. Avec elles, les langues congolaises ont vu le nombre de leurs locutrices et locuteurs régresser drastiquement. C’est, dira-t-on, la conséquence des mariages qui ont l’avantage de favoriser l’unité nationale.

Femmes seules, elles le proclament avec courage ainsi qu’on peut le constater à travers les associations qu’elles créent et que sont les muziki, ces mutuelles d’entraide ou d’assistance. En effet, avec elles, le 8 mars a trouvé ses véritables défenseuses parce que de nombreux facteurs leur permettent de se considérer comme égales aux hommes. Aussi, n’est-il pas surprenant de voir que chez elles, mariage et rupture sont deux mots et deux comportements qui se bousculent la place. « Vivre libres » est même une aspiration pour nombre d’entre de ces Congolaises.

Une disposition qui conduit parfois à l’abandon d’enfants. Et ce, tout à l’opposé de la foi qu’elles professent. Cette catégorie de Congolaises est remplie de fidèles d’églises. Maison-Travail-Eglise, tel est le triptyque qui sous-tend la vie ou le quotidien de cette femme de la « série 8 ». 

Femmes émancipées et en démarcation avec ses mères et grand-mères, elles ont des comptes en banque. Fonctionnaires ou pas. De l’argent qu’elles fructifient à coup de tontines allant de cinquante à plus de cent mille francs CFA le mois, sans compter d’autres types de ristournes journalières ou hebdomadaires à des taux dérisoires. Aussi trouve-t-on chez quelques-unes cette capacité d’investir sur l’enfant dont elles n’hésitent pas de supporter les frais d’études quand le père a tourné le dos à ses devoirs. 

Pourtant, l’audit de la vie de cette femme laisse voir bien d’aspérités qui forgent le doute et alimentent les interrogations. Hélas ! Elle n’est pas cette Pénélope dont la fidélité se lit dans la toile qu’elle tisse. Elle n’est pas non plus cette « donneuse universelle » des années 1990 que chantent les artistes et à laquelle nous consacrerons le prochain portrait sur la Congolaise.

Van Francis Ntaloubi

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