Rencontres du livre vivant à Brazzaville : dans l'attente de financement

Samedi 5 Avril 2014 - 14:46

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Francis Le Hérisse, septuagénaire, est un ancien professeur à l’IUT Carrières sociales de Rennes. Passionné du livre, il est coordonnateur des Reliv (les Rencontres du livre vivant) à Brazzaville, un minifestival autour du livre et des écrivains bien positionné dans le calendrier culturel des lycéens congolais. Aujourd’hui, l’organisation de la  quatrième éditions des Reliv connaît des difficultés d’ordre financier. Entretien

Les Dépêches de Brazzaville :  Pouvez-vous nous renseigner sur le parcours des Reliv à Brazzaville ?
Françis Le Hérisse : Il faut d'abord rappeler que l’association Midaf a été créée à Rennes en 1991 par un jeune doctorant en droit, Valère Étéka (actuel premier secrétaire de l’Assemblée nationale, NDLR) pour participer au développement de l‘Afrique francophone. Il a fait un grand chemin depuis au pays. Actuellement le Midaf développe un projet au Bas-Congo en RDC, Les femmes contre la déforestation, avec la replantation de 200 hectares de manioc, de palmier nain et surtout de moringa, avec la collaboration de Marguerite Homb de Brazzaville. Babas Babkawanza, qui pilote ce projet, est ingénieur agronome et vice-président du Midaf. Dans le prolongement, le Midaf, en ma personne d'ancien professeur à l’IUT Carrières sociales de Rennes, a apporté un concours technique et pédagogique à la création de la MJC Brazza à Ouenzé et notamment à la réouverture de la bibliothèque publique qui avait été créée par l’écrivain et poète Jean-Baptiste Tati-Loutard. La MJC, dont la bibliothèque réunissait 6 000 ouvrages apportés par le Midaf, complétés par un fonds d’auteurs africains et principalement congolais, a eu l’idée d’étendre cette action en faveur du livre auprès des lycées publics de Brazzaville. Ce fut dans plusieurs lycées l’ouverture de clubs de lecture dont les participants allaient se retrouver en fin d’année dans une sorte de stage minifestival, les Rencontres du livre vivant, dites Reliv, où ils et elles allaient rencontrer Alain Mabanckou, Boniface Mongo-Mboussa et Henri Djombo en 2006, puis Wilfried N’Sondé et Léonora Miano en 2008, et le professeur Ngoïe Ngalla en 2010. Mais je ne peux citer toutes les personnalités, artistes et écrivains qui ont beaucoup apporté à tous  ces jeunes, sinon Jean-Blaise Bilombo-Samba, Jean-Luc Aka-Évy, Henri Djombo, Nicolas Bissi, Dieudonné Niangouna, Steven Lumière-Moussala, Abdon-Fortuné Koumbha, Fortuné Batéza, Julien Mabiala-Bissila, Clauvice Ngoubili, Lauryathe Bikouta, Oupta, Sorel Éta et combien d’autres, que nous n’avons pas oubliés mais dont la liste est longue. Alors, vous imaginez cette richesse d’intelligence, de culture et de talents dont ont bénéficié nos jeunes lectrices et lecteurs des lycées de Brazzaville. 

À quand la quatrième édition des Reliv ?
Quand nous aurons trouvé les financements pour les réaliser, et ce n’est pas facile. Comment aurions-nous pu réaliser les premières éditions sans le concours éclairé et efficace du CCF (actuel Institut français) et de leurs directeurs successifs si attachés à la création des jeunes artistes congolais, sans oublier Annick Makonda, cheville ouvrière de la bibliothèque du CCF qui nous a tellement aidés ? Mais là aussi comme en France, les financements ont diminué, et le budget des Reliv supporte de lourds frais d’organisation, sans compter les billets d’avions pour faire venir les nombreux écrivains et artistes qui vivent à l’étranger. L’argent, dit-on, est le nerf de la guerre ; hélas, aussi celui de la paix ! Nos difficultés sont essentiellement financières tellement nous avons envie, ici et à Brazzaville, de faire la quatrièmeédition et que nous n’en avons pas les moyens actuellement. 

Les Reliv portent un projet sur le jumelage d’écoles entre Rennes et Brazzaville. Ce projet est-il réaliste ?
Il faut que nous le rendions réaliste, mais cela doit passer par la quatrième édition des Reliv. Actuellement, nous avons plusieurs classes d’un lycée de Rennes qui découvrent le Congo et Brazzaville grâce au Midaf et qui attendent avec impatience cette liaison, voire ce jumelage avec leurs condisciples de Brazzaville. Je fais appel aux professeurs de là-bas qui souhaiteraient répondre à leur attente.

Un souvenir de Brazzaville, votre ville d’adoption ?
J’insisterai volontiers sur un souvenir hors Reliv et qui m’est très cher. Ayant aussi quelque compétence et expérience en cuisine, j’ai été invité à superviser l’ouverture et le fonctionnement de la « cafète » du CCF (actuel Institut français du Congo, NDLR). Et j’en retiens deux choses avec beaucoup d’émotion : s’y retrouvaient autour d’une Mutzig ou d’une Ngock toutes et tous ces artistes congolais et parfois étrangers qui fréquentaient le CCF, mais surtout, je crois avoir un peu participé à la formation et à la réussite des jeunes qui y travaillaient et dont j’ai appris depuis qu’ils et elles avaient aujourd’hui d’excellentes situations dans leur profession.

Propos recueillis par Roll Mbemba