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Gare à la consommation du manioc mal fermenté !

Lundi 26 Août 2019 - 15:39

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La façon avec laquelle le manioc est traité dans nos villes et même ces derniers temps en campagne pour être vite vendu et consommé inquiète.  Car les différentes étapes pour une meilleure fermentation afin que les éléments toxiques qui s’y trouvent puissent être totalement éliminés ne sont pas du tout respectées.

 Est-ce que c’est l’esprit mercantiliste de ceux qui traitent cet aliment qui les poussent à brûler les étapes de la fabrication du manioc ? Oui, à première vue,  puisque ceux qui en fabriquent voudraient avoir le plus vite possible le produit pour le vendre. Or, les spécialistes dans les sciences agronomiques ont toujours affirmé que les méthodes traditionnelles de transformation et de cuisson du manioc, si elles sont appliquées avec soin,  réduisent sa teneur en cyanure jusqu’à le rendre non toxique. Aujourd’hui, rares sont des traiteurs  de manioc qui respectent ces méthodes en campagne comme en ville.

Disons-le sans langue de bois, le manioc tel qu’il est fait aujourd’hui pour être consommé n’est pas totalement débarrassé des glycosides cyanogéniques ou la linamarine qui peuvent se transformer en acide cyanhydrique et provoquer des graves intoxications. De nos jours, les étapes de la fabrication du manioc ne sont plus respectées. Cela est dangereux pour la santé.

En réalité, avant toute consommation du manioc, surtout celui provenant du manioc amer, il faudrait impérativement le tremper dans l’eau pendant cinq à sept jours une fois épluché et râpé. Ensuite, il faudrait bien le laver et le faire cuire longuement. Et après ces étapes, le manioc peut être consommé ou vendu. Ne pas faire cela, ce serait exposer la population aux différentes maladies que peut provoquer sa mauvaise fermentation.

 Il est encore plus dangereux pour la santé de  sécher au soleil de petits morceaux de manioc frais pendant une courte durée afin qu’ils soient  transformés en farine de foufou, de mal laver la pulpe après fermentation, de mal cuire le manioc pour la totale élimination  du cyanure. Plusieurs auteurs en parlent, notamment Bolhuis en 1954 et Rosling en 1987 : « Un régime alimentaire dominé par le manioc insuffisamment traité cause des maladies telles que la neuropathie ataxique tropicale, la paralysie spastique épidémique résultant d’un endommagement de la moelle épinière, le goitre endémique, le crétinisme et bien d’autres ».

À dire vrai, le manioc tel qu’il est vendu aujourd’hui pour être consommé n’est pas bien traité. Au lieu de le tremper dans l’eau pendant une semaine, il est trempé pendant deux ou trois jours seulement. Et quand on veut le transformer en farine de foufou, il faut, après l’avoir trempé pendant une semaine, le sécher pendant deux ou trois mois. Maintenant, c’est pendant un mois que l’on sèche les morceaux de manioc retirés de l’eau pour être transformé en foufou. Il y a même certaines gens qui passent directement au séchage des morceaux de tubercules après épluchage sans que ceux-ci ne soient trempés dans l’eau. Posez la question aux propriétaires de dépôts de sacs de foufou qui sont vendus dans nos villes sur la façon que le séchage de ce foufou a été fait. Nombreux balbutieront dans leur réponse.

Attention ! Le manioc est certes un aliment beaucoup consommé mais sa mauvaise fermentation est un risque pour la santé. Qu’il soit transformé en « chikwanga », en « moungouélé » ou en  farine de foufou, le manioc doit être débarrassé de toute sa toxicité avant d’être consommé ou vendu. Que les services habiletés prodiguent des conseils sur la bonne fermentation du manioc à ceux qui en fabriquent !

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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