Lire ou relire : « C’est urgent » de Gaëtan Ngoua

Jeudi 5 Septembre 2019 - 20:56

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Victor Hugo clamait dans sa dernière gerbe, « Tous les hommes sont l’Homme ». Dans ce même élan humaniste, le poète congolais cogite sur les écueils existentiels de son temps, écueils dont la cause ne provient ni de la volonté divine ni des calamités naturelles, mais des hommes.

Avec une poétique un tantinet proche du courant de la négritude, Gaëtan Ngoua livre quatre-vingt-quatorze textes engagés dans un recueil de cent-quarante-deux pages aux éditions Cana. Face aux laideurs de la société contemporaine, il se définit comme ce « poète de la galère » (p.32), qui partage l’humaine condition, en s’identifiant à travers la victime (p.11) ou le bourreau (p.51).

Le poète est porteur d’un message à la fois de révolte contre les démons de destruction dissimulés en chaque être humain, et de paix, par l’invite pressante à l’altruisme et au vivre-ensemble. « Que vaut le bonheur sans celui des autres », s’interroge-t-il ? Une question qui implicitement dénonce le matérialisme et l’égocentrisme courant de notre époque afin de mettre la vie de l’homme au centre, car écrit-il, « un homme est toujours plus qu’un baril d’argent » (p.18).

La quête de perfection personnelle (p.34) est la panacée selon le poète pour surmonter les pesanteurs maléfiques et mortifères. Une quête dont le progrès ne serait rendu possible que grâce au respect du sacré (pp.40, 69, 105), de la vie et des libertés fondamentales. Aussi la tolérance est-elle de mise (p.88). En effet, « là où on laisse parler les gens, on n’a pas besoin de fronts pour exposer ses arguments » (p.28).

Par ailleurs, l’auteur exalte la beauté du terroir à travers l’évocation des produits naturels du Bassin du Congo (p.44) en contraste à l’insalubrité croissante des villes comme Pointe-Noire (p.53). La fonction cathartique du théâtre est de même reconnue par le poète comme moyen idéal de conscientisation des peuples. « C’est fait pour rire le théâtre, d’un rire franc et honnête. C’est un lieu d’exorcisme pour nos âmes abruties par la vie d’ici-bas », déclare-t-il (p.74).

 Natif du Congo-Brazzaville le 7 août 1970, le poète Gaëtan Ngoua est diplômé supérieur en communication et en philosophie. Il est auteur de sept autres recueils de poèmes, « Rêves candides », « Mon doux peuple », « Ode pour mon enfance », « À la cueillette des voies lactées », « Sentiers d’espérance », « Bruits des lendemains », « Mi-fleuve, mi-mer ».

 

 

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Couverture du livre

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