Reprise de la coopération Kinshasa-Bruxelles : Félix Tshisekedi franchit un premier palier

Mercredi 18 Septembre 2019 - 16:45

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Démocratiser davantage et améliorer les conditions de vie de ses concitoyens, c’est ce que l’ex-métropole attend du cinquième président du Congo indépendant.

C’est par la Belgique que Félix Tshisekedi a posé ses premiers pas en Occident, bien avant la France qui, pourtant, est bien placée pour revendiquer un tel privilège eu égard à l’excellence de ses relations, sans nuages, entretenues avec la République démocratique du Congo (RDC). Pour le cinquième président du Congo indépendant, sa visite dans l’ex-métropole revêt une symbolique de taille. Outre des raisons historiques, sa famille a une assise dans la capitale belge où elle s’est reconstituée après les déboires connus durant les années 1980, sous l’ère Mobutu. Abritant le siège des institutions européennes, ou mieux, du pouvoir exécutif de l'Union européenne (UE), Bruxelles figurait logiquement en bonne place dans l’agenda de Félix Tshisekedi. L’invitation des autorités belges est venue, comme qui dirait, enfoncer une porte déjà ouverte. La Belgique reste, par ailleurs, l’une des principales partenaires bilatérales de la RDC. Ceci explique donc cela.

Il fallait, comme qui dirait, normaliser d’abord les relations avec les fameux « Nokos » (entendez par là les ex-colonisateurs), quitte à étendre le champ et espérer une légitimation plus large à l’échelle européenne. Et dans son enthousiasme à renouer avec son ex-colonie, la Belgique est bien disposée à plaider la cause du Congo pour un ancrage plus solide sur le Vieux continent. Félix Tshisekedi a justement besoin de cette percée à l’internationale et la Belgique en constitue un levier important dans un tel processus. 

La chaleur ayant caractérisé l’accueil, le 16 septembre, à Bruxelles, du chef de l’Etat congolais, est révélatrice de l’agacement des Belges à continuer d'entretenir une guéguerre contreproductive et lassante avec Kinshasa. Même ressentiment dans le chef de son ex-colonie aujourd’hui à la reconquête de tous ses partenaires au développement.

Tourner au plus vite la page du passé

Au nom du réalisme politique et privilégiant les intérêts de leurs peuples respectifs, les autorités belges et congolaises ont émis des signaux de rupture d’un passé tumultueux qu’elles veulent oublier au plus vite. Honneurs militaires, hymnes nationaux joués par la musique des Guides, revue des troupes, réception par le roi Philippe, etc., tout au plan protocolaire était un indicateur à l’apaisement. L’ère glaciaire des tiraillements entre Kinshasa et Bruxelles est si bien loin. Un sombre passé que nul ne voulait ni évoquer ni se souvenir. L’heure est donc à la redynamisation de la coopération à l’arrêt depuis 2015. En témoigne, la signature de trois mémorandums d’entente et des lettres d’intention portant sur quelques points sensibles : réouverture, de part et d’autre, des consulats (belge à Lubumbashi et congolais à Anvers), définition d’un programme transitoire de coopération au développement après la suspension des activités de l’agence Enabel, relance de la coopération en matière de finances et au niveau des banques centrales, etc.

S'il est vrai que sur le plan financier, aucun engagement n’a été pris - le gouvernement belge étant en affaires courantes -, le plus important aura été, pour Félix Tshisekedi, d’avoir balisé la voie à une relance effective de la coopération qu’il veut profitable à plus d’un titre à ses compatriotes. La conclusion d’un nouveau programme de coopération RDC-Belgique sera de la responsabilité du prochain gouvernement fédéral.  

Que la Belgique ait pris l’engagement avec ses partenaires internationaux de soutenir les efforts ainsi que les réformes annoncés par les autorités congolaises, il y a de quoi se féliciter des retombées de ce déplacement venu à point nommé pour rétablir les équilibres rompus. Comme quoi, la RDC affiche aujourd’hui l’image d’un pays fréquentable dont les efforts de démocratisation de ses institutions sont appréciés à leur juste valeur. Tout le défi pour Félix Tshisekedi consistera, dorénavant, à maintenir cette dynamique de changement pour donner un peu plus de gages de crédibilité que le royaume de Belgique et toute l’Europe attendent de lui : démocratiser davantage et améliorer les conditions de vie de ses concitoyens. Heureusement, pour lui, les prémices sont plutôt bonnes en termes de mesures socioéconomiques et politiques déjà prises. Le reste ne sera qu’une suite logique.  

Alain Diasso

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