Coopération : l’axe Chine-RDC reste stratégique

Samedi 12 Octobre 2019 - 17:45

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Au cours du premier semestre 2019, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a réservé ses premières visites officielles à ses partenaires africains et occidentaux. Cependant, sur le terrain, les matériels chinois ont accéléré l’exécution du Programme de cent jours du chef de l’État sur l’étendue du territoire national.

Dans l’agenda présidentiel, la Chine n’est pas retenue dans ses premières tournées tout au long de ses six premiers mois. Pourtant, au cours de ce laps de temps souvent perçu comme une période de test pour le nouveau pouvoir en quête de légitimité internationale, le chef de l'Etat va effectuer au total dix-sept voyages.

L’autre paramètre d’analyse est bien entendu le discours du nouveau locataire de la Cité de l’OUA. En effet, FélixTshisekedi a été élu sur la base d’une promesse de rupture avec le passé. Par conséquent, personne ne pouvait présager de l’avenir de la coopération avec la Chine, un axe développé par son prédécesseur en froid avec la plupart de ses partenaires traditionnels. La Chine allait-elle devenir ou pas un des acteurs forts de la rupture avec la présidence sous Kabila ? Pour nombre d’observateurs avertis de la vie politique congolaise, le nouveau président a bien cherché à rompre avec la politique du passé, en renouant avec certains partenaires traditionnels potentiels jadis critiques et opposés au rapprochement de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Chine. Dans un de ses discours, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo souligne sa détermination à redéfinir les relations du pays avec ses partenaires stratégiques. « Nous sommes disposés à entretenir des relations étroites de coopération avec tous les pays du monde, en commençant par nos partenaires traditionnels. Nous allons redynamiser notre présence dans les organismes multilatéraux », déclarait-il

Pourtant, la Chine est bien présente dans la nouvelle diplomatie congolaise, en reconnaissant officiellement la victoire de Tshisekedi. D’autres discours prometteurs vont s’en suivre. Le 11 juin dernier, le président de la République a reçu le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Chen Xiaodong, à la cité de l’OUA. Au terme de cette audience d’une heure, le communique final faisait état de la remise officielle d’une lettre du président Xi Jinping conviant son homologue congolais à Pékin. Au cours des échanges, Félix Tshisekedi évoquait sa volonté de réintégrer la coopération sino-congolaise, pilotée par une structure paraétatique gérée par une personnalité nommée par l’ancien président dans un cadre plus formel.

La rupture attendue viendra donc de la révision des modalités de la coopération bilatérale. Dans la vision présidentielle, il n’est plus question de faire passer essentiellement la coopération entre les deux pays par le Bureau de coordination et de suivi du programme sino-congolais. A la place, Tshisekedi s’est dit favorable « à une coopération plus étatique et plus formelle ». En juillet, il y a eu un changement dans la représentation diplomatique chinoise en RDC. Après quatre ans et huit mois de service, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République populaire de Chine, Wang Tong king, a fait ses adieux au chef de l'Etat. Pendant son mandat, les réalisations les plus marquantes sont notamment la mise en service du bâtiment administratif du gouvernement, l’achèvement des travaux de l’hôpital de référence de Lubumbashi et l’accès au satellite pour cinq cents villages congolais. D’autres projets sans contrepartie existent, précisément la construction du Centre culturel et artistique de l’Afrique centrale à Kinshasa et l’Institut de formation professionnelle à Kolwezi.

Selon la représentation diplomatique chinoise, son pays couvre au moins 60 % de fonds venant de l’extérieur et reste un partenaire stratégique pour les investissements dont la RDC a besoin. « Je souhaite un bel avenir et beaucoup de réussite à la RDC engagée sur la voie du développement », s’est exprimé l’ancien diplomate chinois.

Pour d’autres experts dont le cabinet Villepin international (voir Jeune Afrique 3065 du 12 octobre 2019), le président Tshisekedi doit travailler « au renforcement des relations avec, d’une part, la Russie, et d’autre part, la Chine ».        

Laurent Essolomwa

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