Forêts congolaises : la vraie menace vient des artisanaux et pas des industriels

Mardi 15 Octobre 2019 - 12:45

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Le doigt accusateur pointé en direction des industriels du bois ne reflèterait pas la réalité sur le terrain, selon le négociateur senior à la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, Tosi Mpanu Mpanu, qui a plaidé en faveur de la fin du moratoire sur les forêts congolaises. 

Depuis 2002, la République démocratique du Congo (RDC) a cessé d’octroyer des permis de coupe industrielle pour lutter contre la déforestation. Dix-sept ans après, le débat est loin de se clôturer. Si les causes de cette mesure pouvaient se justifier à l’époque, une certaine opinion voudrait une évaluation sincère du problème.

Pour sa part, Tosi Mpanu Mpanu a estimé que le vrai problème est aujourd’hui ailleurs. En évaluant le moratoire instauré sur les forêts congolaises, l’expert est arrivé à plusieurs conclusions. D’abord, cette mesure n’a pas profité et ne profite pas à ce jour au pays. Au fait, elle n’a fait que freiner considérablement les investissements dans ce secteur. Comme il l’a soutenu, le problème de déforestation en RDC n’est plus lié aux industriels du bois. Actuellement, a-t-il martelé, il provient directement de la coupe illégale et artisanale qui se fait par des acteurs peu vertueux. « Le problème s’est aujourd’hui déplacé, il faut donc le régler maintenant », a-t-il indiqué.

Dans son argumentaire, Tosi Mpanu Mpanu n’a pas proposé de baisser la surveillance dans ce secteur stratégique à la fois pour le pays et pour l’humanité. Pour lui, il vaut mieux cibler les objectifs pour aider le pays à s’attaquer aux racines de la déforestation. Sans plus attendre, l’expert a invité les autorités nationales à entamer les discussions franches pour la levée du moratoire instauré sur les forêts congolaises. « Les causes pour lesquelles le moratoire a été instauré ne sont plus les mêmes », a-t-il admis, insistant sur la nécessité de tenir rapidement des discussions stratégiques avec les opérateurs économiques.

Au niveau national, il s’est dit favorable à une réflexion à l’échelle du pays, incluant les acteurs clés de ce domaine, afin d’arrêter des options claires permettant au pays de tirer des ressources substantielles de la reprise de l’exploitation industrielle. Au bout du compte, le seul défi à ne pas s’écarter est la préservation des forêts.

Pour relancer le domaine, a-t-il signifié, il est bien plus question de rassurer et de garantir la sécurité des opérateurs économiques, ainsi que leurs investissements. Le gouvernement de la République, selon lui, doit se préoccuper davantage de créer un cadre idéal à l’investissement en assouplissant la fiscalité. L’idéal serait d’arriver à mobiliser les investisseurs potentiels et à mettre en place des unités de transformation de la matière première issue des forêts. L’élément catalyseur de ce futur développement du secteur, estime-t-il, sera juste le courage politique de prendre certaines décisions et de tenir ses engagements.

Laurent Essolomwa

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