Le feuilleton de Brazzaville. Acte 18. Là où chacun a ses habitudes

Jeudi 7 Novembre 2019 - 19:48

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Ville en perpétuelle évolution, Brazza-la-Verte a aussi la particularité d’être une métropole qui se caractérise par son ethnicité géographique. Ce que tentent de briser, bon an mal an, les projets sociaux d’habitation en expérimentation depuis des décennies, qui brillent malheureusement par la cherté de leur prix d’achat. Cette occurrence annihile ainsi la volonté exprimée par les autorités de brasser les habitants au maximum, d’en faire des citoyens tout court.  

Mis à part les locataires qui vont et viennent d’un quartier à l’autre, soumis tous les ans à l’augmentation des loyers, exceptés les commerçants qui essayent, autant qu’ils le peuvent, de suivre le mouvement de la population bien plus que l’eau, l’électricité et les routes, les arrondissements voient s’agglutiner des gens suivant leur provenance géographique.

En parlant des locataires qui vont et viennent du nord au sud et d’est en ouest de Brazzaville, il ne faut pas se bercer d’illusions. La plupart ne souhaitent obtenir de maison à louer que dans le périmètre de la ville où ils se sentent, excusez du peu, ethniquement en sécurité. Tant que cet atavisme se perpétuera, les Brazzavillois devront retenir que la moindre poussée de fièvre politico-sociale dans leur pays où les acteurs politiques ont de la peine à quitter la périphérie de l’ethnicité, accouchera de guerres aveugles qui les opposeront les uns aux autres sur la base de leurs origines.

À moins qu’ils jurent sur leur citoyenneté que jamais plus ils ne retomberont dans ce piège et s’emploieront pour leur existence et la survie de leur métropole, à revendiquer des choses plus gaies : routes à échangeurs, tramway, ponts suspendus (celui du 15 août 1960 donne de l’eau à la bouche), avenues à quatre voies, salles de spectacle et d’exposition, palais de la culture, cités universitaires, quartier des ambassadeurs, gratte-ciels, hypermarchés.

Tout compte fait, du travail pour tous et tout ce qu’il faut pour multiplier et préserver les espaces verts de la Patte-d’oie sur la route du bel aéroport Maya-Maya qui aurait dû, au même titre que l’avenue qui l’y mène – ne soyons pas insensibles à la reconnaissance – porter le nom de son bâtisseur. Mais c’est le cas presque. Le 3 juin 2013, dans une délibération, le Conseil départemental des Plateaux a baptisé l’aéroport international d’Ollombo du nom du président Denis Sassou N’Guesso. A César…

 

Jean Ayiya

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