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Mort à l’Amérique ?

Lundi 6 Janvier 2020 - 12:46

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Que le président des Etats-Unis ait commis une erreur historique en faisant assassiner en Irak le général iranien Qassem Soleimani ne fait, hélas !, aucun  doute. Et que les Américains paient, demain ou après-demain, cette erreur au prix fort, ne fait non plus aucun doute. Il suffit, pour s’en convaincre, de remonter quelques décennies en arrière et de se remémorer les conséquences désastreuses de la guerre du Vietnam, de la guerre d’Afghanistan, de la guerre d’Irak, autant de conflits perdus par les Américains au terme de longs et sanglants combats qui ont coûté la vie à des dizaines de milliers de GI’s, à  des centaines de milliers de civils sans rien apporter à l’Oncle Sam.

Il se peut en effet, comme l’affirme Donald Trump pour justifier l’ordre donné au Pentagone d’abattre le général Soleimani, que l’Iran ne réponde pas immédiatement à cette provocation délibérée. Mais l’on peut être certain qu’à échéance de quelques semaines ou de quelques mois et par les canaux les plus divers – en commençant par ceux du terrorisme et de la guerre asymétrique – les Mollahs se vengeront. S’ils ne fermeront sans doute pas le Détroit d’Ormuz par lequel transite près du quart du commerce mondial des hydrocarbures, ce qui leur poserait de sérieux problèmes avec leur puissant allié chinois, ils multiplieront les attaques ciblées contre des objectifs stratégiques américains, y compris sur le sol même des Etats-Unis.

Ce qu’oublient volontiers les Américains, dont la nation est née il y a à peine deux siècles, c’est que l’Iran est l’une des plus anciennes civilisations de la planète, a traversé les millénaires en renforçant ses positions au Proche comme au Moyen-Orient, n’a pas cessé d’étendre ses alliances tout au long des dernières décennies en soutenant l’Irak, la Syrie, le Liban, le Hezbollah palestinien et le Yémen, a  constitué un puissant bloc de nations autour du courant chiite de l’Islam, est appuyé aujourd’hui sur la scène diplomatique par les deux superpuissances que sont la Russie et la Chine. Bref que les chances de le battre sur le plan stratégique sont très faibles, pour ne pas dire inexistantes.

Si l’on ajoute à ce qui précède le fait que très probablement l’assassinat du général Soleimani a été inspiré, via le gendre de Donald Trump Jared Kushner,  par l’Etat d’Israël qui craint à juste titre que l’Iran se dote comme lui de l’arme nucléaire l’on peut être certain que le conflit qui débute dans l’immense et très riche région du Levant prendra vite une dimension planétaire. Réveillant les vieux démons de la guerre des religions, il se traduira à plus ou moins court terme par des tensions qui gagneront d’autres régions du monde.

En commençant, bien sûr, par l’Europe qui n’a pas été capable de faire entendre sa voix de façon audible dans le conflit qui se dessinait depuis des mois entre l’Iran et les Etats-Unis. L’Europe qui peut être certaine, aujourd’hui, que les migrations sauvages vers ses côtes en provenance du Proche-Orient et de l’Afrique du nord vont s’amplifier avec toutes les conséquences politiques que cela aura, en particulier la percée des partis d’extrême droite dans plusieurs de ses pays membres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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