Parution :« Entre le bois et l’écorce : Le Revers de la vie » de Rosica Henrique Ndongo Ebondzo

Jeudi 27 Février 2020 - 20:31

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La nouvelle est un genre littéraire plus proche de la réalité. Les faits sont souvent glanés presque dans le vécu. Entre le bois et l’écorce : Le Revers de la vie de Rosica Henrique Ndongo Ebondzo ne déroge pas à la règle.

Ce récit est une véritable fresque sociale aux couleurs de l’Afrique subsaharienne. Plus particulièrement aux chroniques des villes de la République du Congo, patrie de l’auteure.  Au cœur de la trame narrative se dégage une écriture croustillante qui accroche et édifie sur une thématique actuelle, dans laquelle s’identifierait plus d’un lecteur. La femme, le sexe, les problèmes de famille et d’héritage, la maltraitance des veuves et orphelins, le sida…voilà autant de sujets que laissent transparaître la vie de Raïssa, l’héroïne dont l’enfance est volée au cœur des pesanteurs existentielles. L’axiome sartrien « L’enfer, c’est les autres » trouve ici sa véracité. 

Toutefois, le texte dans l’ensemble transmet une moralité qui inspire le courage, le pragmatisme et l’espérance au-delà des frontières du désespoir. Comme quoi, quelle que soit la nature des écueils et catastrophes, l’homme ou la femme, en tant qu’être doué de raison, a assez de ressources intérieures pour s’en sortir. Même avec rien, il ou elle peut tout. 

On peut donc affirmer que l’écrivaine exhorte, par cette nouvelle, les opprimés de la vie, la gent féminine surtout, à plus de combativité et d’effort, car seul le travail assure autonomie et dignité. La prudence et la prévoyance sont aussi de mise face au fléau du sida qui décime des centaines de milliers chaque année à travers la planète.

La plume de Rosica Henrique Ndongo Ebondzo est donc pédagogique. En effet, le texte semble évolué en deux rythmes. La première phase, celle de l’enfance de l’héroïne avant la mort du père, plus furtive, semble un préambule qui prépare le second épisode, de la fille émancipée. Dans ce dernier, on trouve des paragraphes plus étoffés, et une certaine intertextualité qui met en évidence l’érudition littéraire de l’auteure, sous l’ombre d’un narrateur fictif et anonyme. 

Par cette nouvelle où le drame de l’existence et l’humour mêlé interpellent, l’auteure ne démérite pas d’être classée, concernant le style prosaïque, au rang d'Alain Mabanckou ou de Noël Kodia Ramata, dont elle présente la même fibre oratoire. Pour une première, le pas est géant !

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

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