Les immortelles chansons d’Afrique : « Brigadier Sabari » d’Alpha Blondy

Jeudi 27 Février 2020 - 20:09

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Alpha Blondy, la coqueluche de la jeunesse africaine des années 80, grâce à sa chanson « brigadier sabari », est passé du cauchemar au conte de fées. D’une voix haute et voilée, il chante en dioula, français et anglais le message rasta pimenté de proverbes africains sur fond de reggae.

Brigadier Sabari dont la signification est "pardon ou pitié brigadier" relate les débordements de la police ivoirienne lors d’une opération dénommée « Opération coup de poing ». Face à une arrestation policière qu’il a vécue à Abidjan dès son retour des Etats-Unis, l’artiste va se servir de cet exemple pour dénoncer les bavures de la police ivoirienne et conseiller la jeunesse de ce pays de faire attention pendant la nuit. En langue dioula, il chante : « Soufé yara magni dê Niya sêbê man dafa. N'ko bandiya mangni fêssê fêssê. Hôronya lé gnongon têssan. » En français on peut comprendre : « Il n’est pas bien de se promener la nuit, si tes papiers ne sont pas au complet. Ce n’est pas bien d’être un bandit, c’est mieux d’être honnête ». Sinon, poursuit l’artiste, tu seras dans l’obligation de crier « brigadier sabari ».

Ce titre qui triomphe en 1982 est extrait de l’album «  Jah glory », premier album d’Alpha  Blondy, enregistré au studio JBZ, premier studio d’Abidjan, dont le propriétaire est un français arrivé enfant en Côte d’Ivoire. Ce morceau a secoué le pays de Houphouët et a connu un énorme succès en Afrique avant de faire chavirer le monde entier.

L’album a obtenu trois fois le disque d’or. Ainsi, se sont multipliées plusieurs versions de ce tube, celle de La Brigade sous le titre d’Opération coup de poing, de Twee Belgen et de Tiken Jah Fakoly sur son album Racines, paru en juin 2014. Ce disque a connu la participation de Pierre Houon, père de DJ Arafat, la sensation du coupé décalé. Musicien et assistant de l’ingénieur de son de JBZ, Pierre Houon a trouvé sur son vieux clavier la sirène stridente qui convient à Brigadier Sabari.

 C’est grâce à son passage à l’émission « première chance », présenté par Roger Fulgence Kassy que le reggae man va se faire dénicher par les producteurs. « L’origine de mon nom ? Dieu dit : "je suis Alpha et Omega, le commencement et la fin". C’est pour cela que j’ai décidé d’être Alpha. Blondy, ça vient de ma grand-mère, elle m’a surnommé ainsi parce qu’elle disait que j’étais bandit, mais comme son français n’était pas très…Victor Hugo, c’est devenu blondy à la place de bandit », confie la star ivoirienne.

De son vrai nom, Seydou Koné, Alpha Blondy est né le 1er janvier 1953 à Dimbroko. D’un père musulman et d’une mère chrétienne, il a été élevé par sa grand-mère conformément à la foi musulmane. Il a étudié au Liberia puis aux Etats-Unis. C'est là, à New York, qu'il découvre le Reggae. Enfermé dans un hôpital psychiatrique, il y passe deux ans durant lesquels il s'accroche à la musique et à ses chansons. Depuis plus de trois décennies,  Alpha Blondy fait beaucoup de tournées, en Afrique, Europe, etc.

Ses prestations dans de grandes salles, voire des stades sont autant de rassemblements de la jeunesse. Le reggae man se lance dans une aventure d'un tout autre genre, en lançant en mars 2015, une station de radio à Abidjan, « Alpha Blondy FM », mélange d'humour et de musique. Les programmes laissent la place à une rubrique animée par Alpha Blondy lui-même, "Radio livre" dans laquelle il se transforme en lecteur-conteur pour les auditeurs.

Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

pochette de l'album

Notification: 

Non