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Gare aux effets dérivés du coronavirus !

Samedi 14 Mars 2020 - 18:15

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En tête de liste des préoccupations que suscite logiquement, partout dans le monde, la pandémie du coronavirus (COVID 19) figurent bien évidemment la santé des humains et le risque mortel que fait courir à des populations entières l’expansion planétaire de ce mal qui, parti du centre de la Chine, a gagné en quelques semaines plus de cent pays. Mais s’il est à peu près certain que le mal sera endigué sur le plan médical dans les mois à venir en raison des mesures drastiques prises par les Etats pour le combattre, il ne l’est pas que ses effets dérivés pourront l’être, eux, à brève échéance.

Et parmi ces effets dérivés, il en est un qui pourrait bien déstabiliser plus durablement la communauté mondiale que la pandémie, à savoir la rupture économique et financière que provoquera inévitablement à très court terme la fermeture des frontières entre les pays. Une déstabilisation planétaire que toutes les bourses mondiales ont anticipé la semaine dernière en effectuant un plongeon sans précédent, mais que l’on verra sans doute s’amplifier dès le début de cette semaine étant donné les décisions prises, entre autres, par le président des Etats-Unis, Donald Trump, qui visent très directement ses plus proches partenaires puisqu’elles interdisent purement et simplement l’entrée sur le territoire américain des ressortissants européens.

En suscitant un climat de méfiance généralisé qui s’étend désormais à l’ensemble de la communauté humaine, la pandémie du coronavirus menace en réalité de détruire le système économique sur lequel repose aujourd’hui la croissance mondiale pour une très large part. Elle met en question le principe du libre-échange entre les nations qui a permis l’essor du commerce international depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et dont tous les peuples de la Terre ont tiré un grand profit ces cinquante dernières années. D’où la peur, pour ne pas dire la panique, qui gagne aujourd’hui les milieux de la finance internationale, mais aussi et surtout les industriels, les agriculteurs, les artisans, les commerçants des cinq continents qui ont assis leur prospérité sur la libre circulation des personnes et des biens sur de vastes espaces géographiques.

Ce qui frappe le plus les observateurs dans ce contexte pour le moins délétère est le fait que visiblement les Etats comme les gouvernements ne prennent pas en compte le danger planétaire que porte en elle, dès à présent la fermeture brutale des frontières pour des raisons médicales et sanitaires. Ceci alors même que leurs propres intérêts sont très directement mis en danger et que le prix à payer dans les semaines à venir sur le plan social sera à coup sûr très élevé, pour ne pas dire insupportable. Une forme d’aveuglement que chacun paiera au prix fort sans doute plus vite encore qu’on ne le pense.

D’où cette idée, de simple bon sens nous semble-t-il, selon laquelle la communauté internationale devrait se préoccuper sans plus tarder de prévenir collectivement les effets économiques, financiers, sociaux que la pandémie du coronavirus aura inévitablement à bref délai. Si, en effet, elle ne le fait pas dans un cadre collectif à déterminer, l’on peut être certain qu’une crise économique majeure prendra le relais de la crise sanitaire.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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