Vatican : le faucon du pape était un poisson… d’avril !

Samedi 19 Avril 2014 - 13:32

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le Vatican n’aurait jamais recruté de faucon pour éloigner des prédateurs de pigeons

La scène, saisissante, se passe Place Saint-Pierre le dimanche 26 janvier. Ce jour-là, des enfants de l’Action catholique, un mouvement de jeunes d’Italie, sont reçus au balcon d’où le pape récite sa prière mariale de l’Angélus. Les jeunes ont porté avec eux deux colombes que le pape relâche : les volatiles planent superbement au-dessus de la célèbre place, plantent encore puis c’est l’horreur. Un corbeau et une mouette en maraude fondent sur elles et les emportent devant le regard ahuri des milliers fidèles !

C’est dans ce contexte que l’information qui devait suivre, en avril, reprise par tous les médias y compris ceux du Vatican, a eu tout de suite son impact. Les agences de presse signalaient que le Vatican venait d’embaucher un faucon « pour protéger les colombes du pape, qui avaient été spectaculairement attaquées par un corbeau et une mouette en janvier ». Un journal catholique local, Credere (Croire), précisait même que le fameux faucon papal avait reçu pour nom « Sylvia », qu’il était placé sous la protection des Gardes suisses pontificaux.

Les détails qui en étaient donnés renforçaient la conviction que le pape François voulait effectivement protéger ses colombes, signes de paix et d’annonce heureuse. La presse précisait même en l’occurrence que le Souverain pontife n’innovait pas : à Roland Garos à Paris et en Afrique du Sud durant le mondial, le recours aux faucons avait déjà été expérimenté avec succès. La parade semblait donc avoir été trouvée pour laisser les colombes du Vatican accomplir leur mission de paix et détourner d’elles tous les prédateurs de la création.

Oui, mais voilà : le porte-parole du Saint-Siège en personne est venu préciser, le 9 avril dernier, que ce faucon avait été inventé de toutes pièces : « Il s'agit en fait d'un poisson d'avril qui a été repris par le journal », a-t-il dit. Un poisson d’avril qui, comme tout bon poisson d’avril, a bâti sa trame sur du vraisemblable. Et tout comme bon poisson d’avril, il s’est confectionné en endormant même les esprits les plus aiguisés. Déjà un faucon nommé Sylvia, cela pouvait susciter le soupçon en avril, mois reconnu des vrais-faux, faux-vrais ou faux-faux.

Pas de faucon pontifical, donc. Et d’ailleurs, il n’existe même pas de colombes vaticanes. Les nombreux pigeons qui picorent en masse sur la Place Saint-Pierre, posant de sérieux problèmes avec leurs déjections sur les colonnes du Bernin, n’appartiennent à personne, pas même à la ville de Rome ! Mais il en va de l’information globalisée d’aujourd’hui comme de tout le reste : elle naît, se répand, est transmise de toute bonne foi et ne trouve que peu d’esprits sur son passage pour la remettre en question.

Lucien Mpama