Interview : Aubin Banzouzi : « Avec l’éducation, on peut prévenir plusieurs calamités »

Jeudi 26 Mars 2020 - 21:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

« Et pourtant… Somniloquie d’une réfugiée de guerre » est le tout dernier ouvrage de l’écrivain congolais, Aubin Banzouzi, paru ce mois-ci aux éditions Le Lys Bleu. Roman de plus d’une centaine de pages, l’auteur aborde dans cette œuvre la question du rationalisme pour un avenir meilleur. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Présentez-vous et dites-nous ce qui vous a emmené dans la littérature.

Aubin Banzouzi (A.B.) : Je suis chroniqueur culturel, actuellement étudiant en théologie en vue de la prêtrise. Auparavant, j’ai fait des études de lettres modernes à l’université Marien Ngouabi, d’où je suis sorti professeur certifié de lycée. A côté de cela, j’ai suivi d’autres formations liées à la communication dans le souci de transmettre un message au gré des contextes ; un message de paix, d’espoir ou d’éveil de conscience face aux défis de la société

L.D.B.C. : D'où vient votre inspiration ?

A.B. : Je tire mon inspiration de l’observation de la société, en essayant d’être plus sensible aux détresses des autres, surtout aux douleurs inexprimées des sans-voix, qu’importe la provenance, la distance géographique, la différence liée au sexe, à la race, à l’ethnie ou à la nation. Ma plume est un cri d’exaltation des valeurs ou d’interpellation face aux antivaleurs. La contemplation et la révolte sont les deux aiguillons de la verve littéraire que j’entends mettre au service de mes contemporains et de la postérité.

L.D.B.C. : Combien d'ouvrages avez-vous déjà publiés et quelles sont vos icônes dans le domaine ?

A.B. : A ce jour, je compte six ouvrages dont « Une philosophie de l’amour pour une société de paix » en 2009 et « Pouvoir et sexe dans la littérature congolaise » en 2019. On m’a souvent reproché d’aimer tous les écrivains que je lis. Si la lecture était un mariage à la manière d’un homme et d’une femme vivant en couple, je serais assurément polygame à l’image de Salomon, car chez chaque auteur je perçois toujours une qualité et dans chaque livre une vertu.

L.D.B.C. : Parlez-nous de votre toute dernière publication.

A.B. : « Et pourtant… » est le soupir exprimé par Galilée avant d’être condamné à la peine capitale. Ce terme éponyme au livre est l’expression du dépit face à ce qu’on désigne aujourd’hui comme antivaleurs. Ce nouvel ouvrage est une satire sociale qui semble englober les maux de tous les continents, et le pire à venir pour l’humanité si on ne prend pas conscience comme les gens de Ninive devant les avertissements du prophète Jonas dans la Bible. Tout ce récit fictif qui se déroule en « Europaradis », continent imaginaire, n’est au fait qu’un cauchemar monologué. D’où, le sous-titre du livre, « Somniloquie d’une réfugiée de guerre ».  

L.D.B.C. : Que doit-on donc en retenir ?

A.B. : Les leçons, chacun peut en tirer selon sa sensibilité après lecture du livre. Mais l’essentiel est le même message transmis par les Galilée ovationnés et inécoutés de notre époque, en l’occurrence Martin Luther King, Nelson Mandela, le pape François…Ce message est celui de l’éducation qui est le socle du salut de l’humanité. L’éducation est un secteur-clé que nous devons revaloriser de manière solidaire et responsable à l’image de la lutte menée actuellement contre le coronavirus. Avec l’éducation, on peut prévenir beaucoup de calamités comme les guerres, les génocides, le terrorisme, le tribalisme, le racisme, la pollution de l’environnement et les épidémies.   

L.D.B.C. : Quelle perception avez-vous de la lecture chez la jeunesse ?

A.B. : Les jeunes sont passionnés de la lecture quand les thèmes abordés rejoignent leur intérêt et sont favorables à l’épanouissement, malheureusement cet élan est souvent freiné par le manque des initiatives publiques visant à libéraliser les livres pour les rendre moins coûteux dans les librairies et accessibles. Des années 1990 jusqu’à 2003, les magazines Kouakou, Ngouvou et Planète-Jeunes étaient vendus dans la plupart des établissements scolaires. Mais aujourd’hui un journal magazine comme Les Dépêches du Bassin du Congo vendu à peine 200 FCFA n’est guère connu par les lycéens et étudiants. Il faut aller vers les jeunes, les aider à créer des clubs de lecture et leur proposer les livres à bas prix. Pour cela, l’Etat a un rôle primordial à jouer.

L.D.B.C. : Un message de fin.

A.B. : J’encourage juste les parents à rationaliser les dépenses sur les portables luxueux, les mèches de cheveux et les liqueurs au profit de la formation intellectuelle de leurs enfants pour faire reculer l’illettrisme et ses conséquences, comme les grossesses précoces et le phénomène des enfants soldats.

Propos recueillis par Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- Aubin Banzouzi, l'auteur du livre/DR; 2- La couverture du livre/DR

Notification: 

Non