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Dette

Samedi 28 Mars 2020 - 20:16

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Le monde tel qu'il va. Au fond, la pandémie du covid-19, au menu de toutes les conversations à travers les cinq continents, a ouvert un peu plus les yeux des citoyens de notre petit monde de terriens. Pas seulement sur la fragilité de l'espèce humaine, cela coule de source. On le mesure à nos complaintes habituelles quand il fait chaud, trop chaud ; quand il fait froid, trop froid ; quand il pleut, trop de pluie ; quand il neige, trop de neige !

La pandémie a aussi ouvert assez largement nos yeux sur les termes des échanges entre les pays riches et les pays pauvres. Le dénominateur commun pour le mesurer est absolument la dette, la fameuse dette des derniers envers les premiers. Une dette qui donc ne finira pas, ne finira jamais, si on en croit les discours prononcés ces temps-ci globalement, on peut dire, en faveur de l'Afrique. « Il faut aider le continent à s’en sortir, sinon il périclitera ! »

Ce cri du cœur vaut son pesant d'or tant il est vrai qu’en plus de faire face à la pandémie, la question de la dette due aux pays du nord par les pays du sud reste entière. Evidemment depuis la fin de vie des organisations tiers-mondistes au nombre desquels figurait un certain groupe dit des pays non-alignés, cette question ne figure plus à l'ordre du jour du dialogue entre les deux hémisphères. Comment la remettre au goût du jour maintenant que le Covdi-19 a bouleversé les certitudes, maintenant que tout est quasiment à refaire ?

Dans une lettre commune qu’ils ont rendu publique, le 25 mars, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont pris fait et cause pour l'Afrique. Afin qu'elle ne paye pas dans le moment présent où chacun sait que ses économies, comme d'ailleurs celles des nations nanties vont ployer sous le poids des effets conjugués de la pandémie en cours. A y regarder de près, le plaidoyer porté par ces deux voix qui comptent ne consiste pas à demander l'annulation ou l'effacement de la dette, mais seulement son rééchelonnement. Comme pour dire, quand le Covid-19 sera passé, eh bien, l'Afrique reprendra de payer.

Entre nous, cela signifie que jusqu'à la fin des temps, tant que les termes des échanges ne varieront pas, l'épée de la colossale et rampante dette des pays africains et globalement des pays du sud envers leurs partenaires du Nord restera suspendue à leur tête. N’'y a-t-il pas lieu que la crise sanitaire actuelle aide à redessiner un nouveau rapport de coopération entre les nations du monde ? Enfin, poser cette question revient aussi à se tourner vers l’Afrique elle-même, vers tous les pays du Sud en gros, pour qu’ils prennent conscience du danger qu’ils courent de ne jamais se développer en tablant sur les seuls prêts à taux d’intérêt multiples qui leur sont consentis par les pays du Nord.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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