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Lundi 4 Mai 2020 - 18:17

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Depuis l’apparition de la pandémie de Coronavirus, plusieurs pays ont adopté des mesures barrières pour réduire les risques de contamination de leurs citoyens afin d’éviter une hécatombe programmée. Mais quelle que soit l’étendue des mesures prises, rien ne pourra être efficace si les citoyens ne prennent pas la mesure du danger et acceptent ces mesures.  L’efficacité de celles-ci et l’atteinte des objectifs qui y sont attachés dépendent fondamentalement du comportement de chaque citoyen.

Cependant, l’état de conscience des Congolais que l’on observe à travers leur attitude dans les rues de Brazzaville est inquiétant et n’incite pas à l’optimisme. Aucune conscience du danger ne semble perceptible.

En effet, on constate que depuis l’institution des mesures barrières, les Brazzavillois sont curieusement plus nombreux dans les rues que d’habitude. Cela peut se comprendre, étant donné que trois jours seulement leur sont accordés pour s’approvisionner en vivres chaque semaine. Mais, nombreux sont ceux qui ignorent crânement le respect des mesures barrières protectrices pour tous notamment le confinement et en cas de nécessité de sortie, le port du masque.

Dans les grandes artères de Brazzaville, sans doute la même chose partout, on constate pendant ces trois jours, de longues files indiennes où hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux, se faufilent et se croisent, parfois s’agglutinant, sans masques. Les uns ont mis un baluchon sur la tête avec un bébé au dos, les autres, profitant de la rue pour prendre un peu d’air, sont attachés à leur téléphone et quelques autres encore assis observent le spectacle. Des motocyclistes qui essayent de forcer le passage et les « Koro Koro » qui, comme leurs ainés les pousse-pousseurs, ces moyens de transport rudimentaires mais efficaces sont très sollicités en ces temps de confinement, forcent à coup de biceps en créant le passage.

Un peu dépités ou curieux selon leur humeur et leur rang social, il y a les causeurs de la rue.  Il s’agit sans doute de ceux dont le confinement ne s’accommode pas avec l’étroitesse du domicile.  Plus loin encore ce sont les checkpoints. Ici la force publique essaie de filtrer le passage. Mais, cela ne se passe pas sans bavures. Tantôt musclée et ferme, tantôt plus coopératif sans compter quelques cas où elle bombe le torse.

C’est véritablement une ambiance inhabituelle et tout ceci ne manquera pas de laisser des séquelles dans l’inconscient. Quelques-uns sur des tricycles couramment appelés « Kavaki » où se mêlent marchandises et voyageurs. On aperçoit des brouettes qui transportent des enfants, des personnes âgées. Des scènes de triste mémoire en 1997.

A cause de cela, un flux ininterrompu cause des embouteillages immenses à certains endroits et ainsi la promiscuité est ainsi renforcée. Dans ces conditions atteindre les objectifs voulus par les pouvoirs publics devient difficile.  

L’efficacité des mesures édictées par le gouvernement pour protéger la population dépend donc de notre état de conscience. Sans discipline on ne pourra gagner aucune bataille dans une guerre asymétrique. Il faut que nous changions nos comportements si nous voulons gagner cette bataille contre l’ennemi invisible. Car dans une guerre asymétrique la prévention et le renseignement sont les paramètres les plus importants dans l’élaboration des stratégies de combat. Soyons disciplinés et prenons conscience du danger. N’attendons pas que les statistiques nous l’obligent.

Emmanuel Mbengue

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