Destitution de Jean Marc Kabund : des signatures « trafiquées » sur la liste des pétitionnaires

Mercredi 20 Mai 2020 - 13:49

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Prévue cette semaine, la plénière devant statuer sur la pétition initiée par le député MLC Jean Jacques Mamba visant la déchéance de Jean Marc Kabund de son poste de Premier vice-président de l’Assemblée nationale continue d’alimenter la chronique. Les langues se délient de plus en plus pour décourager l’initiative en mettant notamment à nu des incohérences au plan procédural.

A peine que le requérant a déposé la pétition au bureau de la chambre basse que des voix ont commencé à s’élever pour contester l’authenticité de certaines signatures figurant dans ce document. De sorte que sur la soixantaine des signatures récoltées, trois poseraient problème parce que relevant, selon leurs auteurs, d’une falsification. Premier à avoir contesté sa signature a été le député Simon Mpiana Ntumba qui ne s’est fait prier pour porter plainte auprès du procureur général près la Cour de cassation contre l’initiateur de la pétition accusé de « faux et usage de faux ». A l’en croire, son collègue Jean Jacques Mamba aurait « frauduleusement » inséré son nom et sa signature sur la liste des pétitionnaires sans l'avoir consulté au préalable.

Même démarche pour les députés Christophe Kitambala Kalonda et Yannick Lumbu Ngoy, victimes également d’usurpation de signature. Dans leurs correspondances adressées séparément le 19 mai  à la présidente de l’Assemblée nationale, ces élus du peuple ont dénoncé le faux en écriture dont aurait usé Jean Jacques Mamba dans sa pétition. L’un et l’autre avouent n’avoir pas été à Kinshasa au moment où se concoctait ladite pétition pour laquelle ils n’ont jamais engagé leur personne.  Cela étant, ils se sont réservé le droit de traduire l'auteur de ce qu’ils qualifient d’acte délictueux et immoral devant les instances compétentes pour faux et usage de faux.

Ragaillardi par ces dénonciations, Jean Marc Kabund est sorti de sa réserve pour tancer, par voie épistolaire, Jeanine Mabunda qu’il accuse d’être de mèche avec les pétitionnaires au regard de l’attitude partisane qu’elle affiche par rapport à ce dossier. Tout en dénonçant quelques irrégularités au niveau de la procédure, Jean Marc Kabund pense que la célérité avec laquelle sa cheffe directe gère ce dossier jusqu’à l’inscrire à l’ordre du jour au mépris du règlement intérieur régissant l’institution parlementaire, n’est pas fortuite. Il y a surement anguille sous roche, se convainc-t-il. « Pareille attitude de votre part participe à la manifestation claire et nette de votre soutien à ladite pétition, vous débordant ainsi du principe d’unité et solidarité qui guide notre bureau », écrit-il.

Pour l’heure, le dossier demeure pendant au bureau de la chambre basse du Parlement après les dénonciations liées au présumé trafic des signatures. Si au Front commun pour le Congo (FCC) dont les députés constituent le gros lot des pétitionnaires, le sort de Jean Marc Kabund est déjà scellé, tel n’est pas le cas au Cap pour le changement (Cach) qui n’est visiblement pas prêt à sacrifier un de ses vaillants délégués au bureau de l’institution. Depuis sa cellule à la prison de Makala, le leader de l'UNC Vital Kamerhe a demandé aux siens d’apporter leur soutien à l’UDPS, parti partenaire dans l’alliance Cach. Ceci constitue une preuve supplémentaire du malaise qui gangrène actuellement la coalition FCC-Cach qui risque de laisser des plumes à la suite de ce qui a tout l’air d’une épreuve de force.     

Rappelons que dans sa pétition, le député Jean-Jacques Mamba  reproche à Jean Marc Kabund d’avoir allégué sans la moindre preuve, dans une intervention médiatique, que le congrès qui devait statuer sur l’État d’urgence sanitaire allait coûter sept millions de dollars américains à la chambre basse. Des propos « mensongers » qui, d’après le député MLC, ont discrédité l’Assemblée nationale qui se devait de réagir face à l’opprobre. D’où sa croisade contre Kabund qui, par ailleurs, n’avait jamais répondu aux questions écrites qu’il lui avait adressées aux fins d’explication conformément aux usages parlementaires. Affaire à suivre.    

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Jean Marc Kabund

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