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Mercredi 1 Juillet 2020 - 19:53

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2020 est une année assez improbable pour plusieurs pays africains sortis du joug colonial il y a exactement soixante ans. Pour n’en référer qu’aux anciennes colonies françaises et belges, une douzaine de pays avaient prévu de célébrer avec un certain faste ce moment historique que la pandémie de Covid-19 a commué en un rendez-vous manqué. Afin de ne pas exposer leurs populations aux effets désastreux de cette crise sanitaire redoutable, les pays concernés se contentent du strict minimum. La fête se passe sous silence tant que les mesures barrières pour se protéger de la maladie demeurent la règle absolue.

Il est tout à fait raisonnable d’avancer qu’en soixante ans, les ex-colonies africaines en général ont accompli un chemin élogieux. Bâtis sur les cendres des administrations tutélaires de l’époque, les jeunes Etats africains ont, bon an mal an, pu s’arrimer à la modernité en intégrant les grandes institutions internationales. La plus emblématique d’elles étant l’Organisation des Nations unies, cette maison commune de la diplomatie mondiale qui, malgré divers assauts, préserve encore les acquis d’un certain multilatéralisme indispensable à l’équilibre de la planète.

En Afrique centrale, au nombre des indépendances qui ont fait parler beaucoup d’elles, il y a celle de la République démocratique du Congo. L’ancienne propriété privée du roi Léopold II, immense territoire riche de son sous-sol, a marqué les esprits du fait des circonstances de son accession à la souveraineté, mais aussi des violences qui ont suivi ce moment. Chacun se souvient du sort du Premier ministre Emery Patrice Lumumba, du règne de l’homme qui lui a quasiment succédé après sa disparition le 17 janvier 1961, le maréchal Mobutu, et encore du passage du tombeur de ce dernier en 1997, Laurent Désiré Kabila.

Le 30 juin dernier, le souvenir des années d’indépendance a refait surface dans la mémoire de l’ex-colonisateur, la Belgique, et aussi de l’ex-colonisé, le Congo-Kinshasa. On y retient la pathétique lettre du roi Philippe au président Tshisekedi, dans laquelle ce dernier s’excuse des tragédies qui ont émaillé le long séjour colonial en terre congolaise. On retient aussi que les héritiers des pères-fondateurs et de leurs successeurs éprouvent toutes les peines du monde à mettre en commun un projet cohérent de développement national.

La preuve de ces difficultés à construire le pays ensemble est donnée par la coalition au pouvoir constituée par le Front commun pour le Congo et Cap pour le changement, deux alliés au bord de la rupture. A moins que ce que l’on apprend sur la crise ouverte qu’ils entretiennent ne soit qu’une vue de l’esprit et que les deux parties démontreront le contraire dans les jours qui viennent. Tout de même, il saute aux yeux que les partisans du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi et ceux de l’ex-président, Joseph Kabila, ne sont pas en bons termes. Le 30 juin, jour de l’indépendance, n’a pas été pour la RDC le jour de toutes les espérances en dépit des excuses royales venues de Bruxelles et acceptées par Kinshasa.

Les Dépêches de Brazzaville

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