Evocation : 1884, de Chavannes implante Brazzaville(2)

Vendredi 25 Septembre 2020 - 14:00

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En mai 1884, lorsque de Chavannes passe du village M’Fa au promontoire du plateau pour ériger le village des Blancs qui sera Brazzaville, la colonie était à son degré zéro en termes d’infrastructures. Deux ans auparavant, en 1882, Léon Guiral, un Français en mission au Congo-Français notait presque amère la différence entre la Léopoldville naissante et Brazzaville. En 1882, écrivait-il, « Brazzaville était un poste nominal plutôt que réel… J’avais été péniblement impressionné par l’insuffisance de notre installation à Brazzaville. J’en fus plus vivement affecté lorsque je pus faire la comparaison entre notre station avec la station de Léopoldville »

 Léon Guiral n’en revenait pas, en effet, qu’à cette époque déjà le futur Kinshasa disposait d’une maison en étage. La différence est nette : « quel contraste avec les pauvres cases de notre poste ! » s’exclama-t-il. Après avoir décrit l’emplacement admirablement choisi de Léopoldville, Guiral en vient au bâtiment principal destiné au personnel. « C’est une maison construite en pisé et se composé d’un rez- de- chaussée et d’un étage. Au rez-de chaussée, il y a cinq pièces ; les unes affectées au logement du personnel, les autres aux marchandises, la salle centrale forme la salle à manger. Le premier étage tout entier est réservé à Stanley. C’est une vaste salle éclairée par six fenêtres… »

« L’appartement est meublé avec un certain confort. J’ai vu un lit en fer, deux chaises, un fauteuil, une glace et une table ; des cartes géographiques sont pendues aux murs ; mais je fus surtout frappé par la quantité considérable de marchandises de toute nature rangées sur des étagères (étoffes, perles, objet de bimbeloterie) qui donne à cette pièce l’aspect d’un magasin d’articles de Paris. »

En mai 1884, deux ans après Léon Guiral, lorsqu’il commence les travaux de construction de Brazzaville, Charles de Chavannes a l’idée d’aller « faire une visite de politesse à Léopoldville ». Il y revient le même jour « à la nuit tombante en traversant le fleuve au-dessus du grand rapide. Mais, divine surprise, l’impression qu’il ramène contraste fortement avec la description de Guiral que l’on vient de voir.

De Chavannes est catégorique.  « J’avais rapporté de Léopoldville l’impression qu’on y avait entrepris des travaux considérables pour aboutir à peu de choses ; les cases pour Européens, établies sur une pente étaient construites en torchis, c’est-à-dire en pailles hachées grossièrement et mêlées à de la glaise ; elles étaient couvertes en paille ; le sol avait été simplement damé et recouvert de nattes par endroits. La vermine semblait pouvoir être à redouter dans ces installations inconfortables ».

Pour la grande case de Brazzaville qu’il projette, Chavannes passe par une briqueterie. Le 1er juillet 1884, 4 à 5000 briques sont prêtes. Sa construction est une maison ayant une toiture de chaume, carrelée avec cinq pièces « dont une pièce centrale de 7m*7m et une pièce d’angle servant de magasin, nantie d’un guichet pour la vente et le troc avec les indigènes »

Le 30 septembre 1884, la construction était terminée. Chavannes constate , satisfait : «  voilà la première maison de Brazzaville achevée, j’y emménage. » D’après son bâtisseur, cette maison offrait plus de commodités que celles construites par ses rivaux belges de l’autre côté du fleuve. « Son apparence, sa véranda, ses douze ouvertures garnies de cadres où s’accrochent des rideaux, l’élégance relative de ses parois… son carrelage hygiénique, la luminosité de sa pièce d’accueil, la font nettement supérieure à tout ce qu’ont tenté les agents de l’AIA (c’est à dire les Stanley et les Belges). »

Cette première maison bâtie par un Européen sur la rive droite du Congo se trouvait à une centaine de mètres en face de l’actuel Palais du Peuple, ancien Palais du gouverneur général de l’AEF. Modifiée et destinée à d’autres besoins, la première case européenne de Brazzaville  survécue jusqu’en 1903, date à laquelle, elle fut dégagée  pour des besoins de cadastre.

Charles de Chavannes, le fondateur de Brazzaville quitta le Congo en 1888. Il s’était surnommé « l’ancêtre du Congo ». Il vécut longtemps et mourut à l’âge de 87 ans dans son pays dans la ville d’Antibes.

François-Ikkia Onday Akiera

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