Environnement : quarante pour cent des véhicules d'occasion prennent la direction de l’Afrique

Jeudi 29 Octobre 2020 - 17:45

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Le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) indique que six des quatorze millions de véhicules exportés dans le monde entre 2015 et 2018 roulent dans le continent africain. Une analyse comparative place effectivement la région au premier rang, loin devant les pays d’Europe de l’Est (24 %), d’Asie Pacifique (15 %), du Moyen-Orient (12 %) et d’Amérique (9 %).

Intitulé « Les véhicules d’occasion et l’environnement, un aperçu global des véhicules utilitaires d’occasion : débit, échelle et réglementation », le rapport du Pnue prouve à suffisance le niveau d’exposition de l’Afrique au gaz polluant des véhicules de seconde main. Il s’agit d’un véritable marché lucratif qui a permis d’exporter environ 14 millions de véhicules dans le monde entre 2015 et 2018. Selon les chiffres, 40 % des véhicules exportés au cours de cette période ont franchi la frontière africaine. Deuxième région en nombre de véhicules importés, les pays d’Europe de l’Est n’ont reçu qu’à peine 24 % de ces engins. Le choix du continent africain, loin devant d’autres régions du monde, n’est pas le fruit du hasard. En effet, il constitue un marché stratégique à cause de l’absence de normes et d’une réglementation efficace capable de réguler convenablement cette activité, explique le Pnue.

Pour cet organisme des Nations unies, le coût environnemental de l’attraction africaine est incommensurable. On voit débarquer massivement des véhicules qui ne répondent pas aux normes anti-pollution. « Au fil des ans, les pays développés ont exporté de plus en plus de véhicules d'occasion vers les pays en développement. Comme cela se produit en grande partie sans réglementation, cette exportation est devenue celle de véhicules polluants. L'absence de normes et de réglementations efficaces facilite le dumping de véhicules anciens, polluants et dangereux », s’inquiète la directrice exécutive du Pnue, Inger Andersen. Aujourd’hui, le secteur des transports contribue au quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie, poursuit-elle. Il n’est pas étonnant de relever, selon le même rapport, que des pays comme le Malawi, le Nigéria, le Zimbabwe et, plus proche de nous, le Burundi, ont enregistré un taux de mortalité routière très élevé à cause d’une réglementation très faible ou faible sur les véhicules d’occasion.     

En Afrique, la principale plate-forme d’exportation des véhicules d’occasion en provenance d’Europe ou d’autres pays développés reste bien entendu le port. L’on se rappelle d’ailleurs des conséquences néfastes de la mesure RD congolaise d’interdiction des véhicules de plus de dix ans sur l’activité économique du Kongo central en général et, en particulier, le fonctionnement du port de Boma littéralement asphyxié. Très souvent, ces véhicules arrivent sans un quelconque contrôle technique valide au moment de l’exportation. Il faut des normes de qualité plus strictes dans ce secteur et bien d’autres d’ailleurs. Sur ce point, des pays comme le Maroc, l’Algérie, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont bien évolué en mettant en place des normes de qualité minimales, note le rapport. Du côté de la RDC, en dehors des mesures ponctuelles très souvent infructueuses, il y a aussi un effort au niveau de l’imposition des nouvelles normes. Dans le secteur de l’industrie par exemple, la RDC  compte officiellement 1083 normes nationales adoptées par la commission de normalisation mise sur pied à cet effet. Il s’agit des normes qui feront prochainement l’objet de validation en conseil des ministres au cours des prochains jours.   

Laurent Essolomwa

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