Enseignement : la Conept alerte sur l’étouffement de la gratuité de l’éducation

Samedi 21 Novembre 2020 - 14:00

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Pour cette association qui charge le ministre ayant l’Enseignement primaire, secondaire et technique dans ses attributions; en agissant ainsi, on jetterait des millions d’enfants en dehors de l’école.

 

Dans un mémo adressé, le 18 novembre, au ministre chargé de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), la Coalition nationale de l’éducation pour tous (Conept-RDC) a accusé le ministre de « préparer l’échec de la gratuité par la restauration de la prise en charge des enseignants par les parents tant au primaire qu’au secondaire » en « adoptant la stratégie du pourrissement ».

Pour soutenir ces accusations, la Conept appuie son argumentaire sur des témoignages. Parmi ceux-ci, cette association note celui de son coordonnateur, Ponchellin Byamunonyi, depuis Goma, dans le Nord-Kivu.

A l’en croire, la prime rentre avec force dans les écoles tant primaires que secondaires de Goma, en dépit des combats ainsi qu’au vu et au su des autorités. « La stratégie des enseignants et de leurs complices est d’enseigner pendant deux jours et de faire la grève pendant deux autres pour inviter les parents à  ‘’négocier’’ Entre-temps, l’arrêté du gouverneur se fait toujours attendre... Une liste de quelques écoles ayant repris la marchandisation de l’éducation est en élaboration pour être envoyée au coordonnateur national, actuellement à Bukavu », fait savoir la Conept, citant son coordonnateur.

Pour la Conept-RDC, la même pratique est observée dans la province du Sud-Kivu voisine, où la motivation des enseignants par les parents (la prime) est exigée dans plusieurs écoles aussi bien primaires que secondaires dans l’indifférence totale du gouvernement provincial. La Conept relève, par ailleurs, qu’alors que la directive 1.2.1 de la lettre N°Minept/Cabmin-Etat/0817/2020 sur les frais de scolarité insiste sur l’obligation de réduire de manière drastique les frais de fonctionnement à fixer par le gouverneur de province, l’arrêté de l’autorité provinciale du Sud-Kivu est allé au-delà, en fixant ces frais à 150 mille francs congolais (FC) payables par trimestre soit une augmentation de 441,17% par rapport à l’année scolaire 2019-2020 au cours de laquelle cette autorité provinciale avait fixé les frais à 35 mille FC au maximum.

Kinshasa n’est pas en reste

La Conept note que, dans la capitale, des groupes de parents encouragés par des directions scolaires, les Comités scolaires des parents (Copas), surtout dans les écoles conventionnées, fixent des frais scolaires aussi bien de manière formelle qu’informelle, alors que l’autorité de tutelle clame ne pas en être au courant. « Des numéros de compte bancaire faisant foi », se convainc cette structure.

Des enfants renvoyés dans la rue

La Conept-RDC regrette que près de 4 millions d’enfants avaient retrouvé l’école à la suite de l’application de la gratuité de l’enseignement primaire et la suppression des frais de scolarité non pertinents au cycle secondaire, l’année scolaire 2019-2020, ce nouveau développement de la situation expose des millions d’enfants à l’âge de scolarisation primaire et secondaire à la déscolarisation et mette ainsi en mal la consolidation et la pérennisation de la gratuité en cette période de la pandémie de covid-19.

Face à ces réalités, cette coalition appelle le ministre de l’EPST à s’assumer afin de protéger le droit des enfants à l’éducation. En effet, fait savoir cette structure, ces derniers sont soumis à des violences psychologiques graves à la suite des grèves à répétition tandis que les parents, non protégés, sont partagés entre la pression des écoles et celle des enfants. Pour la Conept-RDC, tout en invitant les gouverneurs des provinces au respect des directives nationales sur les frais de scolarité, le gouvernement devrait apporter des solutions aux problèmes à la base de cette situation, notamment le paiement et/ou le sous-paiement des enseignants. A l’en croire, la mise en place des mécanismes pour le financement innovant de l’éducation conformément aux résolutions de la deuxième table ronde nationale sur la gratuité de l’éducation de base s’avère ainsi indispensable pour compenser le gap de financement de l’éducation tant au niveau national que provincial.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des élèves dans la salle de classe /DR

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