Réunion du Conseil de sécurité sur les Grands lacs : la classe politique congolaise exprime ses appréhensions

Samedi 27 Juillet 2013 - 17:14

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Alors qu’ils s’attendaient à ce que le Conseil de sécurité s’engage sur la voie des actions dissuasives contre le Rwanda lors de sa réunion du 25 juillet, de nombreux acteurs politiques pensent que leurs attentes ont été déçues.  

La réunion spéciale du Conseil de sécurité consacrée à la situation dans la région des Grands lacs tenue, le 25 juillet, à New-York n’aura pas été du goût de nombreux acteurs politiques congolais qui s’attendaient à ce que l’institution onusienne aille au-delà des simples déclarations d’intention pour s’engager sur la voie des actions coercitives contre le Rwanda. D’aucuns pensent que le Conseil de sécurité devrait simplement enfoncer le clou en s’inscrivant dans la dynamique impulsée par la récente prise de position du département d’État américain appelant le Rwanda à stopper son soutien au M23 et à retirer ses troupes engagées à ses côtés dans le combat à l’Est de la RDC. Dans la classe politique congolaise, on ne manque pas d’exprimer un certain dépit face aux conclusions de cette réunion à laquelle beaucoup d’espoirs étaient pourtant placés.

« Là où l’on s’attendait à une fermeté de la part du secrétaire d’État américain John Kerry, on a eu droit à une rhétorique déjà entendue. Il a sombré dans la langue de bois », a réagi un cadre de la majorité sous le sceau de l’anonymat. Il pense que le diplomate américain s’est voulu plus généraliste là où le rapport de Human Right Wacth, qui suscite pourtant des réactions, est plus précis et détaillé en pointant un doigt accusateur sur le Rwanda. D’après la même source, le fait d’appeler les Nations unies « à mettre un terme au soutien étranger apporté aux rebelles opérant en RDC », d’inviter au respect de l’Accord-cadre par toutes les parties signataires ou encore d’exiger la poursuite de la réforme du secteur de la sécurité et la restauration de l’autorité de l’État à l’est du pays ne constitue pas une avancée significative. D’autres acteurs politiques, tant de l’opposition que de la majorité, ont souhaité à ce que John Kerry cite nommément le Rwanda comme pays agresseur à l’instar du porte-parole du département d’État américain, John Psaki. Ils révèlent, par ailleurs, que le discours ayant émaillé les différentes interventions n’ont pas assez souligné « l’importance de la mise en œuvre par les parties des engagements auxquels elles ont souscrit dans l’Accord-cadre, d’un dialogue soutenu de la communauté internationale ».

En outre, pensent-ils, « la coordination étroite entre les donateurs pour veiller à ce que l’assistance fournie soutienne l’action menée au niveau national et régional en vue de s’attaquer aux causes profondes du conflit dans la région des Grands lacs » n’a pas non plus été exprimée de manière forte. Une certaine opinion estime que le fait pour le Rwanda de siéger dans cette instance onusienne aurait influencé ces conclusions non assorties des mesures coercitives contre le Rwanda. « Plutôt que d’attendre que la solution à ses problèmes vienne de l’ONU, il est temps que nos concitoyens apprennent à se prendre en charge », entend-on dire dans les milieux intéressés qui, en même temps, appellent les Fardc à développer une puissance de feu susceptible de libérer l’est du pays des groupes armés.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU