Librairie-Galerie Primo : une librairie de proximité

Samedi 7 Juin 2014 - 1:15

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Depuis le 10 février dernier, la Librairie-Galerie Primo accueille les passionnés de littérature ou les simples curieux dans un espace dédié aux livres. Inès Féviliyé, directrice de la librairie et passionnée de littérature, a voulu créer une librairie accessible à tous

Les Dépêches de Brazzaville : Pourriez-vous d’abord nous parler de vous et surtout nous dire comment vous en êtes arrivée à cette passion de la littérature ?
Inès Féviliyé : J’ai toujours aimé lire. J’ai fait mon école primaire au Congo et j’ai continué le reste de ma scolarité en France, où j’ai pratiquement lu toute la bibliothèque du collège. En fait, j’ai toujours adoré lire car c’est un univers. C’est l’expérience des autres racontée comme dans un conte.

Ouvrir une librairie est difficile, alors pourquoi vous êtes-vous lancée dans ce projet ?
Je me suis rendue compte que quasiment toutes les librairies étaient concentrées dans le centre-ville, alors qu’il en manque dans la partie sud de la ville. Quand j’ai vu cet emplacement, j’ai tout de suite eu l’idée d’ouvrir une librairie ici pour que le livre soit accessible à un plus large public. J’adore lire, mais j’aime aussi faire lire les autres, c’est un de mes objectifs. Je me suis aperçue que si les Congolais lisent moins c’est parce que les livres ne sont pas assez accessibles. Mon idée était de créer une librairie de proximité.

Sur quels critères choisissez-vous les livres de votre librairie ?
Le métier de libraire est un métier subjectif, c’est une question de goût. On choisit d’abord les livres qui nous intéressent, dont on pense qu’ils pourraient intéresser les autres et les livres qui sont dans l’actualité. Il y a un réapprentissage du plaisir de lire. Pour l’instant, les auteurs que j’ai envie de faire lire aux clients sont ceux qui ont une vision de l’Afrique. Je pense qu’une librairie doit coller à son public cible.

Se procurer un livre peut être difficile en raison des prix. Comment comptez-vous faciliter l’achat pour les éventuels lecteurs ?
Il faut savoir que quand on dit que les Congolais lisent moins, ça ne veut pas dire qu’ils n’ont plus envie de lire. Il faut faire en sorte que le livre corresponde au pouvoir d’achat du Congolais. Malgré les difficultés que cela peut engendrer, j’ai tout de suite décidé d’appliquer des prix raisonnables et de ne pas faire une librairie élitiste. Je ne voulais pas que l’envie de lire soit freinée par le coût.

Comment faites-vous pour acquérir les livres ?
J’ai deux sources d’approvisionnement : la France et les éditions africaines. Je reviens par exemple de Côté d’Ivoire où j’ai acheté un stock de livres. On achète les livres à un coût qui nous permet de les revendre ici à un prix raisonnable. Pour ça, il est essentiel de connaître le marché de la littérature et du livre.

Il n’y a pas que des livres dans votre espace, vous y exposez aussi de l’art…
J’aime la littérature et l’art, ainsi que l’artisanat. Les artisans congolais ont beaucoup de talent, mais ce talent n’est pas assez valorisé. Dans un endroit comme ça, leurs créations prennent de la valeur. Lorsque ces objets sont dans la rue, on ne les remarque pas alors que dans la galerie ils sont valorisés et mieux appréciés. J’adore la peinture, l’artisanat et la poterie, donc c’est une manière de rendre hommage à nos artistes, mais aussi de concilier mes deux passions.

Propos recueillis par Maëva Bemba