Likouala : les jeunes critiquent l'action du conseil départemental

Lundi 5 Août 2013 - 15:57

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Le président de l’Association jeunesse unie pour le développement de la Likouala (AJUDL), Stève Bagne, a indiqué au cours d’une conférence de presse ce week-end que le conseil département était à l’origine du sous-développement que connaît cette partie du pays

Selon les responsables de cette association, l’agent pathogène du sous-développement de la Likouala serait le conseil départemental, un organe délibérant doté d’une personnalité morale, jouissant d’une autonomie financière et administrative. Ils ont rappelé que d’après une évaluation de l’action des conseils départementaux du Congo, la Likouala a occupé l’avant-dernière place tout juste devant Brazzaville. « Le conseil départemental à qui les pouvoirs publics allouent de colossales sommes d’argent est le levier du développement. Nous condamnons avec fermeté la honte qu’il nous a donnée. Les conseillers de la Likouala n’ont pas bien travaillé, sinon nous serions comme les autres. Par exemple, dans certains districts, les élèves s’asseyent à même le sol dans un département forestier qui a du bois », a ouvertement déclaré Steve Bagne, précisant qu’il s’agissant d’une responsabilité collective.

Pour un éventuel changement des personnes qui composent cette institution, il a appelé les filles et fils de la Likouala à participer massivement au recensement administratif spécial en cours dans le pays. L’enrôlement, a-t-il indiqué, est un devoir civique que tous les Congolais doivent accomplir, surtout dans la Likouala qui souffre de sous-développement et denclavement. « En notre qualité de société civile, nous apportons notre pierre à l’édifice pour la construction de notre département. Il ne suffit pas seulement de faire des discours, de critiquer, mais plutôt d’apporter des solutions. Le conseil départemental qui est le moteur du développement doit avoir en son sein des cadres compétents animés d’un esprit patriotique pour qu’enfin la Likouala se développe », a-t-il insisté.

Le recensement en cours permettra, a-t-il poursuivi, d’aller aux élections locales qui pointent à l’horizon afin de choisir à l’avenir des sénateurs capables de défendre les intérêts de leur département. Soulignons que le président du conseil départemental de la Likouala, Jean-Fabien Bakoté, a récemment visité les ouvrages réalisés dans les districts et villages de son département. Selon lui, une soixantaine d’ouvrages d’intérêt communautaire ont été construits en cinq ans de mandat. Il a toutefois invité le gouvernement à étudier les possibilités d’une éventuelle augmentation de la subvention annuelle allouée aux départements les plus enclavés.

L’AJUDL opposée à un éventuel départ du préfet

Depuis quelque temps, la communauté de la Likouala à Brazzaville menace d’organiser des marches pour demander le départ du préfet de ce département en poste depuis plusieurs années. Elle reproche à Gilbert Djombo Bomondjo de se comporter en tyran et d’être l’auteur du sous-développement du département de la Likouala. Pour l’AJUDL le préfet étant le représentant du gouvernement au niveau départemental, une poignée d’individus ne peut le démettre car ce serait une entrave à la démocratie. « La réforme intervenue par la loi du 2 mars 1982 rompt avec la confusion organique des fonctions au niveau départemental en transférant au président du conseil départemental la fonction d’exécutif départemental antérieurement détenue par le préfet. Le département est devenu une entité décentralisée, administrée par un organe délibérant autonome  (le conseil départemental) », a rappelé l’orateur.

Sur l’attitude tyrannique du préfet, il a souligné que le pouvoir judiciaire avait pour rôle de régler les conflits qui pourraient surgir dans la société, et que la Likouala n’était pas en marge de ce pouvoir. D’où son invite à tous ceux qui se disent victimes d'actes de tyrannie de saisir le juge suprême. Il a aussi rappelé à la communauté que sous d’autres cieux, elle est une ressource, une richesse pour la construction du pays. C’est ainsi qu’il a invité le ministre de la Jeunesse et de l’Instruction civique à organiser des séminaires de formation sur la morale et les valeurs républicaines dans la Likouala en vue d’atteindre un désenclavement culturel. « Mais, si mes frères ne reviennent pas à la raison, l’opinion retiendra qu’il y a anguille sous roche, il y a l’arbre qui cache la forêt, donc le préfet n’est qu’un bouc émissaire. Ils veulent renverser les institutions de la République en commençant par la Likouala. J’appelle mes frères au dialogue et à la discussion », a conclu Steve Bagne.

Née de la volonté des jeunes de changer le cours de l’histoire du département de la Likouala dans le domaine de développement socioculturel et économique à travers des projets strictement porteurs, l’AJUDL exhorte la jeunesse de la Likouala à proscrire à l’échelle départementale et nationale toute forme de violence. Elle s’engage désormais à soutenir tous les acteurs de la société civile, politique, religieuse et économique qui encouragent, entre autres, l’unité de la jeunesse, défendent leurs intérêts et cultivent la paix entre les filles et fils du département.

Parfait-Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo : Steve Bagne entouré des membres du bureau de l'AJUDL. (© Adiac)