Raphaël Safou-Tshimanga : « Tati-Loutard est mort, mais son œuvre est immortelle »

Samedi 5 Juillet 2014 - 0:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Au lendemain de la célébration du cinquième anniversaire de la mort du grand poète congolais Jean-Baptiste Tati-Loutard, le documentaliste Raphaël Safou-Tshimanga livre sa pensée. Entretien

Les Dépêches de Brazzaville : Il y a cinq ans disparaissait l’écrivain et poète J.-B. Tati-Loutard. Quel souvenir vous vient à l'esprit à l’évocation de son nom ?
Raphaël Safou-Tshimanga : En termes de souvenir, je pense à un homme habilité par une mission, celle de rendre meilleurs les différents domaines dans lesquels il a exercé, aussi bien sur le plan littéraire que politique.

Quelle sont, selon vous, les aspects les plus prégnants de l'œuvre de J.-B. Tati-Loutard ?
Le patriotisme est l’un des aspects saisissants de l'œuvre de Tati. Ses écrits montrent un homme qui aimait son pays et qui se préoccupait de la position de l’homme noir. Son œuvre sublime le réel.

La nouvelle génération des poètes congolais s’inspire-t-elle toujours de l'œuvre de J.-B. Tati-Loutard cinq ans après sa mort ?
Lors du festival Étonnants Voyageurs, j'ai été sensible au fait qu’Alain Mabankou, à partir d’une théorisation littéraire, établisse en quelque sorte une dichotomie des poètes et écrivains de la nouvelle génération. Il en ressort que les jeunes sont divisés entre J.-B. Tati-Loutard et Tchikaya U’Tamsi. D’après le corpus qu’il a pu examiner, il y a dans les écrits de ces jeunes une inspiration loutardiennne d’une part et une autre plus tchikayenne, d'autre part. Tenant compte de cela, je peux affirmer que Tati-Loutard inspire encore la nouvelle vague des poètes congolais.

Différents colloques sont organisés autour de l’œuvre de J.-B. Tati-Loutard. Qu’est-ce que cela traduit à votre avis ?
À mon humble avis, je crois que cela traduit une prise de conscience et une valorisation de la richesse congolaise qui ne s’arrête pas qu’aux ressources naturelles, comme le pétrole ou le bois. Elle se trouve également dans nos auteurs, tous brillants. C’est une bonne chose que ceux qui restent rappellent les œuvres de ceux qui ne sont plus de ce monde.

Qu’est-ce que Tati-Loutard laisse comme héritage aux jeunes poètes congolais ?
Tati-Loutard  laisse un héritage qui éveille la jeunesse à ce que nous oublions souvent, le patrimoine immatériel. Il lègue une volonté de travailler dans l’unité et la diversité, en montrant que nos diverses cultures sont une grande richesse pour le Congo.

Propos recueillis par Durly-Émilia Gankama