Festival Kimoko : Pointe-Noire a vécu au rythme de la septième édition

Samedi 26 Juillet 2014 - 0:30

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Du 15 au 20 juillet, 37 artistes professionnels de plusieurs pays d’Afrique se sont succédé sur la scène du festival international Kimoko pour offrir du rire et de la joie aux Ponténégrins à travers des spectacles de théâtre, conte, ballet-théâtre, danse contemporaine et urbaine. Le thème retenu pour cette septième édition était : « Quel théâtre pour une société équilibrée ? »

Créé en 2004, ce festival est actuellement le seul consacré aux arts de la parole. Cette année, les organisateurs ont accueilli neuf compagnies du Congo, de RDC, du Cameroun, du Gabon… Autrefois limité aux pays d’Afrique centrale, le festival s’est ouvert à l’Afrique de l’Ouest avec la participation, cette année, d’artistes de la Côte d’Ivoire (Taxi Conteur), du Burkina Faso (Noël Minougou) et du Bénin (Kocou Yémadjé).

Comme la plupart des événements culturels de la ville, Kimoko est aussi confronté au manque de soutien qui l’empêche de prendre son envol. Mais malgré cela, il poursuit son petit bonhomme de chemin. Cette année, ce festival, qui figure parmi les plus grands événements culturels de la ville, aura répondu aux attentes des spectateurs par sa programmation ainsi que par la qualité des spectacles offerts et aussi aux attentes des organisateurs par les résultats obtenus et les progrès enregistrés, notamment la hausse du nombre de participants (sept de plus qu’à la sixième édition), des représentations (trois de plus que l’année dernière), du nombre de spectateurs (25%).

Par ailleurs, cette septième édition marque le début du partenariat de Kimoko avec l’Institut français du Congo, qui a reçu pour la première fois le festival sur ses planches en abritant sa cérémonie d’ouverture. Un partenariat que Franck Paillot, directeur de l’IFC, voudrait pérenniser : « J’y veillerai ! », a-t-il promis le 15 juillet.

Kimoko a été accueilli par d’autres sites, notamment l’espace culturel Jean-Baptiste-Tati-Loutard, l’Espace culturel pour enfants, l’esplanade de la société Congo Terminal ainsi que le village du festival.

Du rire au programme

Les spectateurs ont été servis en théâtre avec travers plusieurs pièces. Il y a eu la pièce Rêve d’ailleurs !, une adaptation du roman d’Huguette Nganga-Massanga. La pièce était mise en scène par Mwambayi Kalengay de la compagnie Craza de RDC. C’est l’histoire de Ndombé, un jeune Africain qui une fois arrivé en Europe découvre d’autres réalités que dans ses rêves. Ce dernier, marié à une femme blanche, est obligé un jour de réaliser le désir de cette dernière, celui d’arriver dans le pays de son mari où elle aussi verra des réalités autres que celles qu’elle rêvait. Le public a découvert également la pièce Thérapie, mise en scène par Noël Minoungou de la compagnie le Ruminant du Bénin. Elle raconte l’histoire de X, fils d’un aventurier contraint de quitter le pays de sa mère, où il est né, suite à une guerre. Traumatisé, il perd la raison et se retrouve dans un hôpital psychiatrique et n’a que deux idées en tête, revoir sa mère et s’assurer de sa vraie identité.

La compagnie de théâtre Kocou du Bénin a présenté la pièce Confessions posthumes, un texte d’Ouaga Balle mis en scène par Kocou Yémadjé. On y voit l’histoire d’un veuf qui découvre les mensonges, la trahison, l’infidélité de sa défunte femme, avec laquelle il a vécu pendant trente ans, à travers son journal intime. La quatrième pièce, qui constitue l’une des particularités de la septième édition est Thérapie aux abords du quai d’Huguette Nganga, une création multinationale qui a bénéficié de l’aide technique du théâtre des Coulisses. Cette pièce, mise en scène par Jeh’f Biyeri (Congo), a été montée en deux semaines avec la participation de Malanda Loumouamou, scénographe (Gabon/France), Barnabé B. Loemba, régisseur lumière (Congo), les comédiens Jeannette Mogoun (Cameroun), Laure Bandoki, Mak de Ardi et Selma Mayala (Congo). Pour un coup d’essai, c’était d’un coup de maître, la pièce a été un succès total. On suit Bissalu, un jeune Africain refoulé d’Europe, qui trouve un travail au port en qualité de docker. Des faits vécus sur le lieu de travail, le terminal à conteneurs, le perturbent et il est licencié de la société. N’ayant personne pour l’écouter et l’aider, il devient fou. Dans ce monde devenu économique, où tout le monde court derrière le gain, dispose-t-on du temps pour écouter les problèmes des autres ? Telle est la question que pose l’auteur à travers cette œuvre.

Au menu du rire, il faut aussi ajouter l’instant conte avec David Noundji de la compagnie Bena Zingui du Cameroun qui est revenu à Kimoko avec Il était une fois, un spectacle plein d’enseignements. S’ajoute le très dynamique Taxi Conteur, que les Ponténégrins ont découvert au travers de son spectacle très animé, Paroles de maquis.

De l’émotion et de l’animation au rendez-vous

L’animation a été présente au festival, avec le ballet-Théâtre Afro Tam-Tam qui a été à tous les rendez-vous de la septième édition de Kimoko. Les spectateurs ont pu découvrir différentes sonorités et danses traditionnelles du pays du nord au sud et d’est en ouest. Les Ponténégrins ont aussi eu droit à l’émotion avec les groupes Nibawu Bo et Number One qui ont offert des spectacles de danse contemporaine et urbaine exceptionnels. Des créations qui demandent à la fois souplesse et vigueur. Street dance, contorsion, break, danse hip-hop et autres styles teintés d’humour ont égayé le public.

En marge du festival, des ateliers (conte, mise en espace, lecture de textes, régie son et lumière) animés par les comédiens et metteurs en scène Harvey Massamba, Jeh’f Biyeri, Selma Mayala et David Nounji ont eu lieu ; des mises en espace des textes d’auteurs congolais avec des comédiens et lecteurs professionnels ou non. Parmi ces textes figurent ceux tirés du roman de Jeh’f Biyeri intitulé Professeur Salmindroq, du dernier livre d’Alphonse Nkala, Ce foutoir est pourtant mon pays, et du roman d’Huguette Nganga-Massanga, L’Envers du décor. Des restitutions de ces ateliers ont eu lieu pendant les rendez-vous de Kimoko.

Les spectateurs auront aussi été marqués par les textes choisis et les thèmes abordés. « Il nous a été possible de voir à travers tous ces spectacles la situation socioculturelle, historique et politique de nos différents peuples. Nous y avons également trouvé l’homme universel, fait d’amour et de haine, cet être de sagesse et de bêtise, de puissance et de faiblesse, de labeur et de paresse, mais toujours aspirant au bonheur, cet être immuable, malgré le passage du temps », a souligné Alphonse Nkala, directeur dudit festival, qui s’est dit satisfait de cette édition qui aura comblé ses attentes.

Lucie-Prisca Condhet