Religion : quand Dieu part en vacances…

Mardi 19 Août 2014 - 18:31

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À Rome, en été, certaines églises ferment leurs portes. Déconcertant !

Pour celui qui est de passage à Rome, il y a des usages curieux en été. Les Africains dévots en particulier font parfois la moue lorsqu’il leur est rappelé que pendant les mois de juillet et d’août toutes les églises ne se prêtent pas à la prière. Comme une bonne partie des boutiques et points d’activités de la vieille ville, propriétaires et responsables, tenanciers et simples serveurs s’en vont en vacances.

Alors, il n’est pas rare de trouver accroché, même aux portes vénérables d’une église respectable, cet écriteau : « chiuso per ferie » (fermé pour vacances). Autrement dit le curé, après une année de dur labeur à répandre la parole de Dieu, la commenter et l’enseigner, se prend le mois « syndical » de pause prescrit par toutes les législations du travail. La perplexité des Africains chrétiens est grande devant une telle pratique. D’autant qu’il n’est pas exclu que le même écriteau les attende devant un bar-tabac, une échoppe,  un magasin d’habillement.

Dans le continent de la religiosité débordante, il ne viendrait à l’idée de personne que, voulant aller s’agenouiller devant quelque saint(e) à Sainte-Anne, Saint-Pierre Claver ou Saint-Esprit de Moungali à Brazzaville ou à Pointe-Noire on y trouve  portes closes. Et cela parce que le prêtre est parti en montagne ou à la mer. « Bizarre, commentait un Congolais venu visiter la Place Saint-Pierre, on dirait qu’ici Dieu s’en va en vacances ». Dieu, peut-être pas, mais ses ouvriers si !

Rassurons tout de suite : Rome et sa périphérie comptent quelques 2000 basiliques, églises et lieux de culte catholiques répertoriés. En général, il ne faut pas marcher longtemps pour en trouver un qui exerce parfaitement sa fonction et assouvisse la nécessité spirituelle des fidèles. Si l’on obéit à un autre panneau à l’entrée qui vous indique qu’il faut éteindre les téléphones portables et ne pas être trop vêtu en débraillé, on arrive à trouver ce qu’il faut.

En outre durant l’été, seules ferment les petites chapelles, pas les grands lieux de culte mondialement reconnus de Rome, et ils sont nombreux ! Donc pour une église fermée, on en trouvera toujours trois, voire quatre autres prêtes à accueillir les fidèles en quête de ressourcement spirituel. Au cœur de la catholicité, il ne sera pas dit que tous les curés y sont amateurs de farniente par temps chauds !

Mais il reste que la fermeture « saisonnière » d’un lieu de culte catholique, orthodoxe ou protestant est une bien étrange tradition pour qui, comme les Africains, n’y est pas habitué. Chez eux, l’offre est permanente, parfois même débordante si l’on considère le nombre de temples de fortune qui naissent et ferment au coin des rues, au gré de l’inspiration des prophètes spontanés. En Afrique Dieu est sur le pont du matin au soir, de dimanche à dimanche, de Noël à Noël. Y aurait-il plus à faire ? Peut-être.

Lucien Mpama