Santé : le nouvel antipaludique de Sanofi aura une touche franco-maroco-américano-italienne !

Mardi 19 Août 2014 - 18:41

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Le groupe pharmaceutique français va produire ses médicaments contre le paludisme à partir d’un principe synthétique

Ce n’est pas la moindre des caractéristiques notables de l’Asaq Winthrop que d’être le résultat d’une chaîne de connaissances et de talents au service de la lutte contre le paludisme. En outre, ce nouveau produit, qui entre dans la fabrication des médicaments nouvelle génération contre le paludisme permet désormais de s’étendre à un plus vaste nombre de personnes, surtout dans les pays en développement, pour faire front à la redoutable maladie.

L’Organisation mondiale de la santé, OMS, avait donné son feu vert l’an dernier pour la fabrication de cette molécule synthétique. Toutes ses qualités ont été testées et vérifiées. Mais la caractéristique principale de l’Asaq, qui en fait un produit innovant dans la lutte contre la maladie inoculée par le moustique, est qu’il est fabriqué à partir d'une forme semi-synthétique de l'artémisinine, le principe actif qui est utilisé jusqu’ici pour les principaux médicaments connus de lutte contre le paludisme.

Les avantages en sont nombreux. Fabriqué synthétiquement, c’est-à-dire en laboratoire, il permet une production pratiquement infinie. Les médicaments et tout produit partant d’une substance naturelle en général courent toujours le risque d’une pénurie de la matière première. Or l’artémisinine naturelle provient de l’armoise. Soit qu’elle en manque, soit que son importation connaisse des retards et c’est le produit final antipaludique qui peut varier dans ses prix ou connaître une rupture de fabrication. Ces aléas sont réduits à néant avec l’Asaq Winthrop.

Ce nouveau principe synthétique n’est pas à proprement parler un médicament. Il vient seulement en complément aux principes qui sont à la base des médicaments les plus courants contre la malaria. Mais son apport est essentiel parce que, désormais, ceux-ci seront permanemment disponibles et à des coûts moindres. Des stocks d’antipaludiques fabriqués sur cette base sont d’ores et déjà partis au début du mois vers des pays comme la Rd Congo, le Burundi, le Liberia, le Niger et le Nigéria.

Il n’y a pas qu’Ebola : les autres maladies endémiques du monde continuent de sévir ici et là. Et le paludisme, soulignent les experts, est de loin la maladie la plus mortelle dans le continent africain et dans bon nombre d’autres zones tropicales de la planète. Détourner l’attention de la recherche, ce serait faire courir au monde le risque d’un doublement du nombre des malades,  voire  d’une résistance accrue du mal  aux traitements courants. Le monde doit donc s’en préoccuper.

C’est pourquoi il est symptomatique de voir que si la nouvelle découverte appartient au laboratoire français Sanofi, les traitements qu’il permet sortent des centres de production au Maroc à partir de l'artémisinine semi-synthétique sortie, elle, du site italien de Garessio, près de Cuneo, dans le piémont. Et le tout est promu par Path (l’allée), une ONG américaine spécialisée dans la diffusion des médicaments nouveaux. Comme quoi, s’il faut très peu de distance du moustique au mal, il faut  une longue chaîne pour le contrer.

Lucien Mpama