Cinéma : Abd Al Malik passe derrière la caméra

Samedi 23 Août 2014 - 5:00

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En décembre sortira Qu’Allah bénisse la France, premier long métrage d’Abd Al Malik et adaptation de son ouvrage éponyme paru en 2004

Rappeur, slameur, essayiste, écrivain, parfois philosophe, Abd Al Malik vient de rajouter une corde en signant ce film, inspiré de son enfance. Qu’Allah bénisse la France met en scène un enfant d’immigrés, noir, élevé par sa mère seule avec ses deux frères dans une cité strasbourgeoise. Régis est un garçon surdoué au passé de délinquant, qui trouvera sa voie en découvrant l’amour, le rap et le soufisme.

« Plus qu’une autobiographie, c’est un processus artistique. C’est mon histoire, mais aussi celle du rap, vu d’ailleurs que de Paris et Marseille. Je veux montrer qu’on peut être Noir de peau, d’une cité et avoir un cheminement autre que celui d’un perdant. L’humanité ne s’arrête pas à la frontière des quartiers », expliquait le rappeur au quotidien 20 Minutes en 2012 avant d’aller poser ses caméras au Neuhof où il a grandi. Une tranche de vie, l’histoire et les réalités d’un quartier détonant sur fond de sagesse et de spiritualité. Pendant plusieurs mois en 2013, le réalisateur a embarqué une équipe composée essentiellement d’amis, voisins et jeunes du quartier pour aboutir à ce film, dont la sortie au cinéma est actée pour le 10 décembre. En attendant, Abd Al Malik présente sa première réalisation dans plusieurs festivals, dont le Tiff au Canada au début du mois de septembre.

La paix intérieure grâce à la religion et aux lettres

Régis Fayette-Mikano de son vrai nom, Abd Al Malik est né à Paris en 1975 au sein d’une famille catholique. Il a vécu sa petite enfance à Brazzaville, puis en France, au Neuhof. Avant de détonner sur la scène hip-hop et de plaider pour la paix, la tolérance et la spiritualité, le rappeur s’est frotté à la délinquance. Dans Qu’Allah bénisse la France, il revient sur ce parcours mouvementé puis sur sa rédemption par trois issues : un double cursus philosophie et lettres classiques, la création avec son frère Bilan et son cousin Aissa du groupe de rap NAP (New African Poet). Abd Al Malik, de confession et d’éducation catholiques, s’intéresse à l’islam. Il trouve la foi dans un premier temps en pratiquant un islam radical, puis en s’intéressant au soufisme, dimension mystique de la religion. Cet épisode transformera le jeune homme qui se retrouvera dans l’intériorisation, l’amour de Dieu et la sagesse. La spiritualité d’Abd Al Malik, conjuguée à ses inspirations littéraires et philosophiques, se traduit vite dans ses textes et l’impose comme une figure respectée et influente du hip-hop francophone. Parallèlement à la musique, il signe quatre ouvrages : Qu’Allah bénisse la France (2004) honoré du prix belge Laurence-Trân, La guerre des banlieues n’aura pas lieu (2009), Le Dernier Français (2012) et L’Islam au secours de la République (2013).

Cette année, Abd Al Malik a également présenté L’Art et la Révolte, un spectacle pour lequel il a mélangé la culture hip-hop à l’œuvre d’Albert Camus.

Morgane de Capèle