Vatican : le cardinal Tauran réaffirme le rôle social de la foi et de la religion

Samedi 24 Août 2013 - 13:24

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Croire, ce n’est pas seulement établir une relation personnelle avec Dieu. C’est aussi se mettre en rapport, en son nom, avec les autres en société

En charge au Vatican du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, c’est-à-dire le dicastère en relation avec les religions non-chrétiennes, particulièrement l’islam, le cardinal Jean-Louis Tauran est monté au créneau pour parler de la place de la liberté de religion. Le cardinal français, bien « calé » sur la question, est intervenu vendredi à une rencontre annuelle italiennes de réflexions sociales, le Meeting communion et liberté de Rimini. Il s’agit d’un forum d’inspiration chrétienne à succès, qui fait régulièrement appel aux intellectuels, porteurs d’idées et d’innovations sociales, guides d’opinion de tout pays, pour venir y exposer leurs façons de voir et d’appréhender l’avenir.

Pour le cardinal Tauran, par exemple, le terrorisme agissant au nom de la religion est une aberration totale. « Rien, soutient-il, ne peut justifier le recours à un tel agissement criminel qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit, et qui est d’autant plus méprisable s’il est conduit au nom d’une religion, car il ravale la pure vérité de Dieu à un niveau personnel d’aveuglement et de perversion morale. On ne peut faire abstraction de Dieu, parce que l’homme est par nature un animal religieux. Aucune civilisation ne s’est construite dans une absence de religion », a soutenu le cardinal.

Si ses propos peuvent plus particulièrement renvoyer aux sociétés de fondamentalismes musulmans ou bouddhistes des pays pauvres ou en développement, le haut-prélat n’en oublie pas moins que les sociétés de bien-être ont, elles aussi, leurs approximations et visions déformées de la religion. Par exemple, a-t-il rappelé, la liberté de croire, de lier le rapport de sa conviction avec la transcendance, « est fondamentalement un droit ». Et comme tel, il doit être défendu par tout État digne de ce nom. « L’État démocratique moderne ne reconnaît aucune religion propre afin de pouvoir les reconnaître toutes. La liberté de religion est donc bien plus que la simple liberté de culte ; elle s’étend à la liberté de pensée. »

La riche intervention du cardinal a également insisté sur le fait que la religion ne devrait pas être vue comme une ennemie automatique de l’État. L’action de celui-ci sur les sujets religieux ne doit être ni exceptionnelle, ni discriminatoire : il s’agit d’intervenir sur un liant social qui a ses effets directs sur la marche des communautés, la foi étant en définitive cette « voix qui pousse à accomplir le bien et à éviter le mal ». Il a réaffirmé que si, au départ, l’acte de croire est bien une conviction personnelle intérieure, née dans le cœur du croyant, il ne revêt de sens que lorsqu’il se manifeste dans le rapport externe avec les autres : dans le fait de le professer, de l’enseigner ou de le vivre.

De nombreux personnages africains d’importance sont passés à Rimini. Ils vont du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya à Nelson Mandela ou Mgr Ernest Kombo. Des intellectuels africains de renom (Joseph Ki-Zerbo, par exemple) y ont également été invités pour exposer sur les thèmes les plus divers. Cette année, la classe politique italienne a « défilé » à Rimini, toutes tendances confondues. Le premier ministre, Enrico Letta, y a, par exemple, défendu le « changement de rythme » dans l’action sociale de son gouvernement. Enrico Letta conduit une majorité bancale de coalition, où la droite menace à chaque instant de faire s’écrouler l’équipe qu’il dirige.

Lucien Mpama