Exploitation illicite des minerais : Global Witness charge les FARDC

Samedi 1 Novembre 2014 - 14:45

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Certains membres de l’armée exploitent les ressources minérales, taxent les creuseurs et les négociants et facilitent la contrebande de minéraux, révèle cette ONG dans son dernier communiqué.

Alors qu’il s’annonce à Kinshasa une intense activité dans le domaine minier avec notamment la tenue du 3 au 5 novembre d’un Forum sur « les chaînes d'approvisionnement responsables en minerais » organisé par l'ONU, les gouvernements de la région des Grands Lacs et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), des langues se délient déjà pour dénoncer la recrudescence de l’exploitation illégale des minerais dans l’est de la RDC. En attendant que les ministres des Mines de la région ne se penchent sur la question d’ici là, l'ONG Global Witness vient de jeter un pavé dans son dernier communiqué en stigmatisant le comportement des unités des Fardc empêtrées dans l’exploitation illicite des minerais au mépris de la législation en vigueur. En effet, le Code minier de 2002 en cours de révision au Parlement interdit formellement aux militaires de « posséder de mines et/ou de se livrer au commerce ou au transport de minerais ».

Faisant fi de cette disposition, plusieurs officiers de l’armée se livrent à cœur joie à ce trafic illicite sans être inquiétés et s‘en tirent avec des milliers de dollars par semaine et par mine en les taxant indûment, souligne le communiqué de Global Witness. De nombreux groupes armés locaux et étrangers se sont rendus maîtres des sites miniers (cassitérite, or, argent, nickel, uranium, zinc...) qu’ils exploitent à leur guise. « Certains membres des Fardc exploitent les ressources minérales, taxent les creuseurs et les négociants, et facilitent la contrebande de minéraux, parfois dans des véhicules officiels de l’armée », peut-on lire dans ce document.

Une situation révélatrice de la prime à l’impunité dont jouissent les soldats contrebandiers même s’ils sont pris en flagrant délit de fraude. Ceci fâche une disposition du Code minier qui prône pourtant la sanction à l’encontre des militaires fautifs astreints au paiement d’une amende pouvant aller jusqu’à 20.000 dollars, à défaut de purger un emprisonnement de deux mois.  « Le gouvernement congolais doit montrer qu’il désire sérieusement démilitariser le secteur minier. Les efforts pour créer des chaînes d’approvisionnement exemptes de tout lien avec un conflit pourront être réalisés une fois, et une fois seulement. Les membres de l’armée pris en fraude seront sanctionnés de façon appropriée », recommande l’ONG.

Entretemps, elle émet quelques appréhensions sur les chances d’aboutir de deux assises attendues à Kinshasa étant entendu que « tous les efforts visant à rompre les liens entre les mines et le conflit dans l’Est de la RDC sont contrariés par la participation illégale de membres de l’armée congolaise au commerce minier ». Le respect par les intervenants du secteur minier du cadre international de l’OCDE pour l’approvisionnement de minerais garantis sans lien avec un conflit est loin d’être une réalité en RDC, pays membre de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). À ce titre, pense-t-on, elle doit impérativement lutter pour une meilleure traçabilité de ses minerais dont la production et l’exploitation échappent souvent au contrôle des autorités compétentes et au Trésor.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments des FARDC