Syrie : les tractations entre Occidentaux se poursuivent en vue d'une intervention militaire

Jeudi 29 Août 2013 - 13:02

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Les puissances occidentales, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, n’ont jusqu’à ce moment pas pris de décision sur l’entrée en guerre dans ce pays, mais toutes évoquent une éventuelle intervention militaire visant à dissuader le régime de Damas d’utiliser à nouveau des armes chimiques contre sa population

Pour l’heure, cette possible intervention semble être bloquée à Washington et à Londres, qui pourtant avaient commencé à se préparer techniquement à cette éventualité. Les autorités américaines ont renforcé leurs capacités navales en Méditerranée alors que sur la base britannique d’Akrotiri à Chypre, tout est fin prêt pour frapper le régime de Bachar al-Assad. Du côté de la France, des médias signalent le déploiement du Chevalier-Paul, une frégate antiaérienne qui a quitté le port de Toulon depuis quelque temps pour rejoindre la flotte américaine au large des côtes syriennes. Israël et la Turquie sont tout aussi déterminés à attaquer la Syrie : le gouvernement israélien a autorisé un rappel limité de réservistes et déployé des batteries antimissiles à la frontière nord avec la Syrie alors que la Turquie a renforcé son niveau de vigilance.

L’hésitation des Occidentaux serait en partie justifiée par le fait que la Russie et la Chine – qui sont tout aussi membres du Conseil de sécurité de l’ONU comme les trois pays cités – se sont opposées à une résolution justifiant une offensive militaire en Syrie. Malgré cela, les pays occidentaux ont déjà conclu à la responsabilité du gouvernement de Bachar al-Assad dans l’attaque chimique présumée et estiment qu’une intervention armée est inévitable. Fort de cette conviction, les tractations se poursuivent entre Washington et ses alliés occidentaux en attendant la publication du rapport de l’ONU sur l’utilisation présumée par Damas de ces armes chimiques prohibées. Ils estiment aussi que si une intervention directe de l’Otan n’est pour l’heure pas à l’ordre du jour, un recours aux armes chimiques par Damas ne pourrait en aucun cas « rester impuni et sans réponse ».

Le président des États-Unis a pour l’instant écarté un « engagement direct militaire » de son pays dans la guerre civile syrienne. « L’idée sous-jacente est que le gouvernement syrien reçoive un message assez fort sur le fait qu’il ferait mieux de ne pas recommencer à utiliser des armes chimiques (…). Si nous envoyons un coup de semonce pour dire arrêtez, nous pouvons avoir un impact positif sur notre sécurité nationale à long terme », a-t-il expliqué. « Je n’ai pas encore pris de décision sur une action en Syrie », a-t-il précisé sur la télévision publique PBS.

Si la Chine reste prudente sur la question de l’intervention militaire en Syrie, la Russie quant à elle ne cache pas ses intentions d’entrer en guerre. Ses dirigeants ont déjà laissé entendre qu’ils pourraient renforcer la flotte de leur pays dans la région. « La situation qui se complique dans l’est de la Méditerranée exige de notre part une certaine adaptation des forces navales. Un bateau de lutte anti-sous-marine et un bateau lance-missiles vont s’ajouter dans les prochains jours à la flotte russe déjà présente dans cette région », a indiqué une source au sein de l’état-major des forces armées.

Devant les menaces occidentales, le Premier ministre syrien a prévenu que son pays serait « le cimetière des envahisseurs ». Selon des ONG, loin de croiser les bras, les troupes de Bachar al-Assad ont commencé à se repositionner ces dernières heures, notamment à Damas, Homs et Hama (centre), avec des « dizaines de sièges de commandement militaire et de commandement de brigades évacués pour se replacer ailleurs ». Les dirigeants iraniens et irakiens semblent pour leur part décidés à apporter leur appui à Bachar al-Assad. En effet, allié régional de la Syrie, l’Iran ne cesse de mettre en garde Washington et promet de « dures conséquences » si les États-Unis franchissaient « la ligne rouge » en Syrie. Le pays accuse d’ailleurs les rebelles syriens d’avoir usé des armes chimiques dans la guerre contre le régime actuel.

Nestor N'Gampoula