Égypte : la justice a recommandé la dissolution des Frères musulmans

Lundi 2 Septembre 2013 - 18:38

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Selon des sources dignes de foi, un tribunal se prononcera le 12 novembre sur ce dossier alors que la confrérie a déposé en mars dernier ses statuts auprès des autorités intérimaires en tant qu’ONG

La dissolution des Frères musulmans a été recommandée le lundi 2 septembre par la justice. Fondé en 1928 et officiellement interdit depuis 1954, ce mouvement s’était constitué en ONG pour répondre à ceux qui l’accusaient de n’avoir aucun statut légal. C’est dire que la confrérie a fonctionné dans une illégalité totale jusqu’à la chute du régime d’Hosni Moubarak en février 2011. Il en a résulté la victoire des islamistes aux élections générales qui ont porté ses partisans au pouvoir. Ainsi, Mohamed Morsi, issu de la confrérie, a été élu à la magistrature suprême avant d’être destitué le 3 juillet par l’armée.

Le 1er septembre, les autorités intérimaires du pays ont renvoyé le président déchu et 14 autres personnes à un tribunal criminel pour répondre d’accusations d’incitations à la violence contre des civils portées contre sa personne. Toutes les personnes poursuivies dans cette affaire appartiennent à la confrérie des Frères musulmans, le principal groupe politique qui soutient Mohamed Morsi. Le procureur général, Hesham Barakat, a indiqué que l’ancien président était poursuivi non seulement pour avoir incité à la violence, mais aussi pour des meurtres dans la zone d’Itihadyah près du palais présidentiel le 5 décembre 2012, alors que ses opposants manifestaient suite à sa déclaration présidentielle qui lui a donné les pouvoirs absolus.

Mohamed Morsi fait par ailleurs l’objet d’une enquête sur les circonstances de son évasion de prison lors de la révolution du Nil qui s’était soldée par la chute d’Hosni Moubarak. Il est notamment accusé de meurtre et de conspiration avec le groupe palestinien du Hamas lors de cette évasion.

Outre l’envoi de Mohamed Morsi et de ses partisans en justice, le gouvernement de transition a désigné une nouvelle Assemblée constituante, où ne siège presque aucun islamiste. Celle-ci dispose d’un délai de 60 jours pour réviser la Loi fondamentale adoptée l’an passé par un parlement dominé par les Frères musulmans. Les 50 membres de cette institution vont examiner les amendements à la Constitution proposés par un panel d’experts qui avaient été désignés par décret. Il s’agira de retirer de la Constitution actuelle, les articles influencés par l’islam et de lever aussi l’interdiction faite aux fonctionnaires de l’époque Moubarak d’assumer des responsabilités publiques. Des observateurs au Caire estiment que le projet de Constitution préservera le statut privilégié de l’armée, qui n’est pas soumis au contrôle des pouvoirs civils.

 

 

Nestor N'Gampoula