Développement : l'économie du déchet, défi majeur de l'urbanisme du 21e siècle

Mardi 17 Septembre 2013 - 19:17

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Pays développés ou pays pauvres se heurtent à la difficulté de neutraliser leurs ordures plastiques. En Italie ce week-end, des experts planchent sur la question

Un forum international sur l’économie du déchet se tient pendant deux jours en Italie, près de Naples, ces 20 et 21 septembre. Venus de plusieurs pays les délégués, des chercheurs en divers domaines du recyclage, de la récupération et du retraitement des déchets urbains, vont réfléchir sur un des défis majeurs de l’urbanisme du 21è siècle. Que faire des tonnes de déchets que la vie moderne produit chaque jour dans les villes ? Cette question reçoit déjà des réponses, variées mais souvent appropriées dans les grandes agglomérations. Pourtant ce n’est là que la moitié du problème exposé et résolu.

Les villes du 21è siècle sont aussi celles qui, dans les rebuts de leur fonctionnement au quotidien comme dans les résidus de la vie des ménages, mêlent les immondices biodégradables à ceux qui, des années durant, même enfouis sous terre ou incinérés, continuent de représenter un danger pour l’environnement et pour la santé humaine en définitive. C’est le cas des plastiques dont la société moderne est devenue aussi friande qu’encombrée. Sachets d’emballages, bouteilles, gobelets divers mais aussi tous types d’outils de ménage et de soins ; des sacs, des chaussures, des chapeaux même sont aujourd’hui en plastique.

Chaque année depuis 2011, révèle une enquête menée par l’institut Eurispes, en collaboration avec le groupe italien PoliEco, ce ne sont pas moins de 25,1 millions de tonnes de plastique qui sont récoltés en Occident. Depuis 2010, ce chiffre est en croissance constante de 2,4%, parmi lesquels 1,1% sont de nouveaux plastiques. Mais si cette montagne de déchets finit pour plus de 10 millions de tonnes dans les poubelles, seulement 59,1% sont recyclés. Que peut-on en faire ?

Il serait trompeur de se bercer de l’illusion d’un problème circonscrit aux seules nations développées. L’Asie et l’Afrique s’installent dans une même logique infernale, qui voit ces deux continents produire plus de plastique qu’ils n’en recyclent. Le pourraient-ils d’ailleurs qu’ils sont confrontés à un autre problème qui ajoute à la gravité du moment : à leurs propres plastiques, si l’on peut parler ainsi, s’ajoutent ceux des pays développés ! Poubelles des nations nanties, l’Asie et l’Afrique accueillent, qu’elles le veuillent ou non, 25% des ordures plastiques de l’Occident qui y arrivent par des biais détournés, à l’insu des pays d’accueil mais aussi, souvent, des pays de partance !

Le problème s’arrête-t-il là ? Non, répond Eurispes ! Les nations développées sont elles aussi submergées par des plastiques… en provenance des pays en développement. Comment ? Par le biais de toutes les marchandises contrefaites qui se déversent sur leurs marchés ! Alors on voit là que c’est le serpent qui mord sa queue : les pays riches exportent frauduleusement des déchets vers l’Afrique et l’Asie ; des pays d’Asie (principalement) les leur renvoient sous la forme de jouets et de gadgets contrefaits. Pour en sortir, préconise Eurispes, il faut une réglementation internationale plus regardante sur les politiques d’exportation et plus internationale. Peut-être.

Mais, ajoute l’institut, il faut de plus en plus viser le portefeuille des exportateurs : taxer tous les déchets aussi fortement que n’importe quelle marchandise. Cela, convient PoliEco, pourrait au moins servir à financer des politiques de développement durable en Afrique et en Asie. On le voit, la question continue de susciter de bonnes intentions, mais personne n’a encore trouvé le moyen de briser vraiment la quadrature du cercle. À Ischia, en Campanie, vendredi et samedi prochains donc, les experts vont tenter de trouver la solution qui mettra tout le monde d’accord. Sinon ce sera une réunion de plus.

Lucien Mpama