Dizzip, le réseau social des citoyens du monde

Mercredi 22 Avril 2015 - 11:30

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Freddy Samba lance avec ses deux associés, Dizzip, un réseau social pour la diaspora. Retour avec cet homme de médias sur cette nouvelle plateforme mais également sur la place des diasporas africaines dans les médias de l’hexagone.

Quelle a été la genèse de Dizzip ?
Freddy Samba : Demba Seck et moi avions une émission sur TV5 Monde qui s’appelait "Tendance A" dans laquelle nous montrions la créativité africaine et caribéenne, les jeunes  artistes du continent, des choses valorisantes et non comme souvent dans les autres médias la guerre, la misère ou autre. Nous nous sommes rendus compte qu’il manquait un média fort pour représenter notre communauté et nous avons décidé de créer Dizzip, un réseau social pour la diaspora. Nous y avons intégré une partie webTV avec des contenus auto-produits ainsi que des articles. Demba Seck et moi apportons la partie logistique et audiovisuelle, Michaël Muller notre  troisième associé gère la partie technique du développement.

Concrètement comment fonctionne la plateforme ?
FS : A l’inscription, l’utilisateur choisit un pays d’origine afin d’être lié directement à sa diaspora. La page de profil se divise en deux parties : à gauche vous avez la possibilité comme sur Facebook de partager vos photos, vidéos ou de publier vos propres articles avec vos contacts, à droite vous pouvez voir les statuts partagés par les membres de la diaspora que vous suivez. Il est également possible de suivre d’autres diasporas. Aujourd’hui il y a une forte diaspora ivoirienne parce que Demba y réalise un gros travail de terrain, nous avons un peu de congolais car nous étions au Brazza festival. La jeunesse africaine née en France s’inscrit comme français. L’essence même de Dizzip n’est pas de séparer. Au contraire le dizziper a soif d’aller à la rencontre des autres. Cette plateforme va permettre de mettre en lien et de connaître les autres cultures.

On semble observer un double mouvement, de plus en plus d’Etats africains regardent vers les compétences de leurs diasporas, et ici les jeunes nés ou grandis en France regardent de plus en plus vers les pays d’origine de leurs parents ou grands-parents. Partagez-vous cette vision ?
FS : J’ai grandi dans le 11ème où il y avait un mélange de populations. J’avais des amis de tous les horizons : portugais, sénégalais, chinois, des marocains, antillais, tunisiens, ou autre.  Selon moi la nouvelle génération se replie dans sa communauté. Chaque communauté a une richesse à garder mais il faut s’ouvrir aux autres et aller voir ce qui se passe ailleurs. La jeune génération est engagée dans une recherche identitaire, porte un questionnement sur leur positionnement dans la société. Tous ces jeunes sont en attente de modèles et de visibilité. Avec internet, ils sont au courant tout de suite de certaines déclarations des politiques. Ces derniers banalisent  et légitiment la tenue des même propos par les gens de la rue. Pour réintroduire du vivre ensemble, l’école joue un rôle essentiel : certains de mes amis ne connaissent pas l’histoire de la colonisation, le manque d’éducation transforme également certains jeunes en proies faciles pour l’islam extrême. Il faudrait également réintroduire de la mixité sociale car l’environnement change une personne. Les politiques ont abandonné ces terrains pour des objectifs électoralistes mais ce qui compte n’est pas le présent mais ce que vous aurez laissé dans l’histoire.

TF1 lance une plate-forme de vidéo communautaire Afrostream. Quel est votre sentiment ?
FS : Si TF1 se lance là-dessus parce qu’il y  aujourd’hui un engouement et donc du business. Ils avaient la possibilité d’acheter le catalogue et de le diffuser sur leur propre plateforme VOD depuis longtemps mais ne l’ont pas fait : pourquoi s’associer à une plateforme à part dédiée aux africains ? De même, pourquoi aller créer une chaîne communautaire spécialement pour les caribéens : les Antilles ne font-elles pas partie de la France ? On se demande pourquoi ces reportages ou ces portraits ne sont pas diffusés sur les antennes nationales.

Quelles solutions : copier le modèle Anglo-saxons de quotas ?
FS : Les anglo-saxons ne se posent pas la question de vos origines mais regardent vos compétences et voient ce qu’il est possible de faire ensemble pour faire avancer le business ou le pays. Je pense que si en France, les « anciennes générations » arrivaient à intégrer cela, beaucoup de choses avanceraient car la jeunesse est prête. Bien sûr, l’histoire des Etats-Unis est différente et c’est à nous aussi noirs de France de construire notre propre histoire. Mais on peut reprendre chez les anglo-saxons des choses qui ont marché.

Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou