Restriction des dépenses publiques : Matata Ponyo à couteaux tirés avec ses ministres

Mercredi 29 Avril 2015 - 17:12

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Le Premier ministre a décidé que dorénavant toutes les dépenses, en dehors de celles relatives aux rémunérations et au fonctionnement, soient soumises à son appréciation préalable. La mesure est loin de faire l’unanimité au sein du gouvernement.

Un mauvais temps souffle ces temps derniers au sein de l’exécutif national. Les membres du gouvernement affichent de plus en plus une mine grise due aux restrictions budgétaires que le Premier ministre, qui est devenu un peu plus regardant sur les dépenses et les affectations des ressources de l’Etat, leur a imposées. Désormais, les vice-Premiers ministres, ministres et vice-ministres sont astreints à un régime drastique en matière des dépenses publiques. Dans une circulaire datée du 20 avril, Matata Ponyo a fait part à ses ministres de l’intérêt qu’il y a pour le gouvernement « d’ajuster ses dépenses et d’observer davantage de circonspection et de rigueur dans l’affectation et l’utilisation des ressources ».

Cette démarche, à en croire Matata Ponyo, demeure la seule alternative pour recadrer le tir et, surtout, pour faire face à la baisse sensible des recettes consécutive aux évolutions récentes de l’économie mondiale ainsi qu’à certains facteurs conjoncturels endogènes. Ecartelé entre l’urgence de mobiliser des moyens nécessaires à la mise en place et à l’installation de nouvelles structures et entités prévues par le découpage, et la nécessité de financer les élections générales en RDC, le gouvernement n’a d’autre alternative que de jouer à la prudence.      

D’où la décision de contrôler les dépenses, ou mieux de veiller à ce que les frais de l’État ne soient dilapidés au petit bonheur. « Toutes les dépenses, en dehors de celles relatives aux rémunérations et fonctionnement, devront être soumises à mon appréciation et obtenir préalablement mon aval. Il en est ainsi notamment des dépenses liées aux déplacements, à l’organisation des manifestations, forums, séminaires, etc », peut-on lire dans la correspondance que Matata Ponyo a adressée à ses ministres. C’est dire que les membres du gouvernement n’ont plus le droit d’engager des dépenses non prises en compte dans le budget de fonctionnement de leurs cabinets respectifs « sauf en cas d’autorisation expresse du Premier ministre ».

Comme il fallait s’y attendre, cette décision a entraîné une levée de boucliers dans le chef des principaux concernés. La décision est plutôt mal perçue par des nombreux chefs des partis qui tenaient à profiter de leur statut ministériel pour se constituer un matelas financier suffisant en prévision des prochaines échéances électorales. Réduits dans leur marge de manœuvre, les ministres sont donc obligés de tailler dans les dépenses relatives au fonctionnement - plafonnées mensuellement à 15.000 dollars par cabinet ministériel - ou encore d’effectuer des coupes sombres sur les frais de rémunération de leur personnel pour espérer « se retrouver financièrement ». À défaut, il faudrait avoir une argumentation solide pour convaincre le Premier ministre sur l’utilité d’une dépense se situant en dehors de ce cadre.

Fini donc les voyages de complaisance assortis des frais de mission plantureux et autres dépenses de prestige pour des membres du gouvernement astreints désormais au régime du pain sec. Le ministre d’Etat chargé du Budget et celui des Finances ont été instruits de veiller, dans l’exercice de leurs prérogatives en matière d’exécution des dépenses, au respect de ces directives.

Alain Diasso