Marcelo Nlele, photographe des stars

Samedi 5 Octobre 2013 - 10:02

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D'origine angolaise, Marcelo Nlele s'est imposé au fil des années dans le milieu glamour des photographes de stars. Patron de sa propre agence, Presscrea, il est aujourd'hui le seul photographe noir accrédité au festival de Cannes. Une exposition, Objectif Stars, lui est consacrée à Paris du 27 septembre au 27 novembre au sein de l'agence LCL, située 14 Rue Royale dans le quartier prestigieux de la Madeleine, dans le cadre de la nouvelle édition d'exposition LCL fait son festival en ville

Le photographe Marcelo Nlele (crédits Nello Zoppe)Les Dépêches de Brazzaville : Comment est née cette passion pour la photo ?
Marcelo Nlele : Enfant, je rêvais de devenir technicien dans l’aviation ou bien reporter. Petit, je voyais ces reporters à la télé qui voyageaient. L'Angola, où je suis né, est un pays de grands journalistes, notamment de commentateurs sportifs. C'est un des premiers pays dans le monde lusophone, si ce n'est le premier, avec le Brésil pour les commentaires de matchs de football. Je voyais aussi les journalistes européens qui se déplaçaient dans mon pays pour suivre des voyages officiels. Tout cela me faisait rêver. Et grâce à Dieu mon rêve est devenu réalité. 

LDB : Comment en êtes-vous arrivé à devenir le photographe des stars ?
MN : Lorsque je suis venu en France, j'ai préféré suivre des études photographie plutôt que des études d'aviation.  J'ai travaillé dur  pour financer mon école de photo-reporter à l’Efet, car on avait refusé de m’accorder une bourse.  On m’a même dit que je n’aurais jamais de travail en France avec ces études mais je ne me suis pas laissé démonter,  j’ai répondu que j’aurais du travail en Angola. Nous étions à l'époque, en 1992, il y avait seulement deux étudiants noirs : un Martiniquais et moi-même. Personne ne voulait me prendre en stage. Une rencontre fortuite avec le grand reporter Jean Bertolino qui animait l'emission 52 sur la Une m'a mis le pied à l'étrier. J'ai pu collaborer en tant que freelance avec l'agence Sipa, la quatrième agence photo au monde et le service photo de TF1. Grâce à un ami, j'ai eu un premier travail dans les stations de ski puis à Cannes. J'y ai débuté en prenant des photos d'anonymes pour une agence, puis je me suis lancé à mon propre compte. J'ai fait ma première montée des marches en 2002, et depuis je suis le seul Noir accrédité offficiellement à Cannes. Il faut toujours rester au top car on n'est pas accrédité à vie ou d'office, il faut se justifier chaque année pour pouvoir être présent. Aujourd’hui, dans mon agence de presse je prends en stage des jeunes photographes issus de mon ancienne école. Je suis un des rares anciens élèves de l’Efet à travailler dans le show-biz. 

LDB : Comment s'est passée votre insertion dans ce milieu très concurrentiel ?
MN :
Ca a été difficile de me faire accepter dans ce milieu. Parfois, je n'avais même pas de réponse à mon bonjour. Certains ne m'acceptent pas encore aujourd'hui, mais d'autres ont vu que je ne suis pas “un petit rigolo venu d'Afrique”. J'ai installé un style de travail, les stars me reconnaissent et viennent vers moi, surtout les stars noires américaines. Maintenant, je suis reconnu, et même quand je suis en retard pour les photocalls ou sur les marches, les autres photographes, qu’ils soient italiens, français, espagnols, américains, britanniques, chinois ou japonais me laissent la place car ils savent que grâce à moi il vont faire de bonnes photos.

LDB : Comment prend-on une bonne photo ?
MN :
J'étudie la psychologie des stars que je photographie et je fais mon show  pour que les stars viennent vers moi. Je pense que c'est un don que Dieu m'a donné : j'arrive à m'imposer partout. Je me focalise sur le sujet, j'oublie mes soucis. Que ce soit des chefs d’État, des ambassadeurs, des ministres ou des chefs d’entreprise, je dialogue avec eux pour créer un climat de confiance.  Je suis là, mais ma présence ne doit pas se faire sentir. La bonne photo est avant tout celle que les autres n'ont pas, ou bien la photo bien travaillée, comme celle de l'acteur Antonio Banderas ou du footballeur Diego Maradona que l'on peut voir dans l’exposition. Pour cette dernière photo je m’étais préparé exprès pour le prendre avec un focal 14-24 mm, personne ne pouvait me couper la route !  Il faut avoir l'angle unique, qui se démarque des autres.

Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le photographe Marcelo Nlele. (© Nello Zoppe/Nikon France)