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Un vice-président serait-il moins superflu qu’un Premier ministre ?

Vendredi 4 Octobre 2013 - 14:45

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« L’ostentation dans le jugement personnel, jointe à la satisfaction de débiter des lieux communs, voilà, on le sait » l’inclination proprement congolaise dans l’approche des questions nationales. Tout y passe. Les médias du pays, souvent sans discernement, emboîtent le pas à ces spécialistes « sortis brutalement de l’obscurité », dans la « pollution informationnelle ». Et l’espace public s’anime de ragots, de manipulations et de désinformations.

Depuis quelque temps, une question crée le buzz, comme on dit maintenant : faut-il ou non, dans notre pays, un vrai Premier ministre ou un simple ersatz ? Au détour se pose un problème, celui de la constitutionnalité d’un tel personnage dans le décorum politique actuel… Que faire ? Pour l’instant, toutes les supputations laissent perplexe. Il est un constat constant : l’action gouvernementale a besoin d’un catalyseur. Mais les solutions innovantes ne sont pas évidentes dans tous les discours, parfois affligeants, qui nous sont infligés depuis quelque temps par nos « spécialistes » qui se posent toujours, et paradoxalement, en donneurs de leçons dans notre chère république des savants. Il y en a dans tous les camps. Ils échafaudent des cas de figure, sauf celui d’un vice-président constitutionnellement envisageable.

Au Congo, faut-il le rappeler, nous avons connu deux, voire trois expériences de vice-présidence au sommet de l’État. La première, celle du vice-président Opangault lors du changement de statut de notre pays avec la création du territoire du Moyen-Congo, dans le cadre de la loi Gaston-Defferre. Il est une sorte de vice-gouverneur, en réalité confiné à la gestion des affaires locales. Une seconde expérience est celle du vice-président Stéphane Tchichelle, doublé du titre de ministre des Affaires étrangères à l’accession à l’indépendance de notre pays pour donner un contenu, voire du lustre à un poste qui, stricto sensu, n’en avait pas. Opangault bénéficie de ce statut sous Youlou. Une fois de plus, simple question de prestige et de protocole. A contrario, Alfred Raoul, quant à lui, concentre entre ses mains dans la troisième expérience l’essentiel des manettes de l’action gouvernementale de 1968 à 1969. Ses prérogatives se diluent à la création du Parti congolais du travail. Lorsqu’Aloïse Moudiléno-Massengo est nommé à son tour vice-président, cette fonction devint ornementale. L’essentiel du pouvoir étant déjà exercé par le président de la République, président du comité central du PCT, chef de l’État, chef du gouvernement, président du conseil des ministres. Ces quelques cas de figure devraient s’imposer à notre sagacité. Il nous faut tenter une synthèse de ces différentes expériences pour en tirer le meilleur pour la vitalité de l’action gouvernementale.

À ce jour, plus de cinq constitutions et presque autant d’actes fondamentaux montrent clairement que la marche institutionnelle du Congo est chaotique et peu satisfaisante dans l’ensemble. Il nous faut trouver, de ce point de vue, des solutions pour mettre le Congo dans une dynamique pérenne. Nous n’allons pas inventer la boussole à nouveau, tant s’en faut, mais nous pouvons nous inspirer des autres mieux que nous ne l’avons fait jusqu’à présent. À cet égard le système américain, acclimaté au Congo à l’aune de nos propres expérimentations, ne pourrait-il constituer une voie pragmatique de résolution de la question de l’efficacité gouvernementale ? Majorité et opposition devraient s’y employer dans une approche délibérative et consensuelle, mais surtout intelligente, pour en tirer la substantifique moelle. Comme on dit de façon triviale, le chef de l’État ne peut être seul au front, comme on le voit souvent dans notre pays où il est, in fine, l’unique comptable de l’incurie de l’action gouvernementale. Démis de leurs fonctions, les ministres se défaussent toujours sur lui, quel que soit le pouvoir, pour masquer leur impéritie et se donner ainsi un blanc-seing pour l’avenir.

Comment intégrer à notre réflexion le dispositif américain, président et vice-président élus sur le même ticket, pour bonifier notre recherche sur l’efficacité et l’efficience de l’action gouvernementale ? La question est essentielle.

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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